Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Ateliers réguliers d'écriture originale autour de thèmes et contraintes variés.

Modérateur : Équipe des Ateliers d'écriture du Héron

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Ialona
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Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 08 sept. 2019 - 19:12

Les Ateliers présentent

Le Théâtre
Un atelier à étapes

Acte unique
Personnages : l'équipe des ateliers


ANHYA : Bienvenue à toutes et à tous ! Je déclare ouvert le premier atelier du nouveau type !
NORYA : Et il porte sur Shakespeare ! :coeur:
IALONA : ... sur le théâtre.
NORYA : Et sur le grand, le seul et unique auteur de pièces digne de ce nom !
FLODALYS : C'est à dire Molière :mrgreen:
ANHYA (s'interposant entre Norya et Flo qui se regardent en chien de faïence) : Bref, on commence. Rideau !
Lors de chacune des étapes de l'atelier, hors étape finale, vous êtes invités à réagir sur les définitions données, à ajouter des indications qui vous semblerait importantes, à débattre sur d'autres, bref à réfléchir avec nous sur le sujet donné. Les modérateurs.rices se feront un plaisir de changer le poste initial de chaque étape en l'agrémentant de ce qui aura été dit. Alors à vos cerveaux !

Voici comment va se découper cet atelier :

Du 8 au 22 Septembre : première étape Du 3 au 17 Octobre : deuxième étape Du 27 Octobre au 10 Novembre : troisième étape Du 17 au 1 Décembre : quatrième étape Du 8 au 31 Décembre : étape finale Délai accordé si besoin
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 08 sept. 2019 - 19:13

PREMIERE ETAPE
Comment ça s'écrit du théâtre ?
Du 8 au 22 Septembre


Disclaimer : L'équipe des ateliers n'a pas vocation à devenir un groupe de profs de si tôt. Les 'cours' donnés durant les ateliers sont puisés de l'internet mondial et sont faits pour être améliorés de vos ajouts et de vos commentaires. Le but des ateliers est de vous aider à écrire et de vous faire sortir de vos habitudes, pas de vous dire ce qu'il faut et ne faut pas faire.
Vous pouvez à tout moment vous référer aux sources : ici et ici



Avant propos :

Le théâtre n’est pas fait pour la narration, mais pour être joué. Aux différentes étapes d’écriture, quand vous avez un doute sur la vraisemblance et la véracité de certaines répliques, mettez-vous dans la peau de votre personnage et jouez. En vous écoutant jouer, vous pourrez vous fixer sur ce que vous voulez.

Addition de Eurydice : La plupart du temps, oui, mais Musset parle notamment d'un "spectacle de fauteuil" qui permet de s'affranchir davantage des contraintes liées à la scène (bon, au XIXe, ils étaient un peu fous, ils ont mis un vrai canon sur scène xD) pour pouvoir caser tout un tas de trucs improbables :mrgreen:

En résumé :

La singularité du texte théâtral tient tout d'abord au fait que l'auteur s'y exprime uniquement à travers les paroles de ses personnages et ne peut intervenir directement dans le dialogue. Il ne dispose pas de la souveraine liberté du romancier qui peut détailler les pensées des personnages, commenter l'action, etc.

Une pièce de théâtre développe trois types d'énoncés, qui se distinguent visuellement les uns des autres par des variations typographiques :
  • les paroles prononcées par les personnages (les répliques) qui sont transcrites sans enrichissement typographique particulier,
  • les noms des personnages qui prennent la parole ou sont présents sur scène, sont transcrits le plus souvent en capitales d'imprimerie,
  • les didascalies, c'est-à-dire les informations relatives au lieu de l'action, aux gestes ou déplacements des personnages, aux intonations, aux bruits, aux costumes, etc., sont en italique.
Le théâtre s’est avant tout une histoire de rythme, il faut structurer le récit pour ne pas ennuyer le spectateur. Par définition, votre ouvrage a vocation à être joué devant un public. Il faut donc que la découpe du scénario amène du dynamisme, du changement et de la surprise.

La pièce est découpée en actes et ceux-ci doivent s’achever sur l’apparition d’éléments nouveaux et de péripéties à venir. Cette manière de faire vous permettra de tenir le spectateur en haleine.

Ces actes sont généralement répartis en trois ou quatre grandes parties :
  • l'exposition (concentrée dans les premières scènes de l'acte I) qui précise la situation initiale en renseignant sur le lieu, le temps, les personnages et leurs relations,
  • le nœud de l'intrigue (actes II et III) qui correspond à l'ensemble des conflits qui gênent la progression de l'action et sont autant d'obstacles à la volonté des héros,
  • les péripéties (acte IV) qui infléchissent le cours de l'action et retardent ou modifient le dénouement attendu,
  • le dénouement (acte V) qui marque la résolution définitive du conflit. Heureux dans la comédie, il est le plus souvent marqué par la mort dans la tragédie. Idéalement, il doit résulter de la logique de l'action elle-même et éviter les interventions peu crédibles.
Le théâtre classique s'impose la règle des trois unités :
  • l'unité d'action (une seule action principale que soutiennent éventuellement des actions secondaires),
  • l'unité de temps (pour renforcer l'intérêt dramatique, l'action ne doit pas dépasser 24 heures),
  • l'unité de lieu (l'action prend place en un seul lieu, plutôt un palais pour la tragédie et un intérieur bourgeois pour la comédie).
Aparté sur les apartés :

WIKIPEDIA (à part) : Un aparté est une réplique de théâtre prononcée par un personnage sur scène qui, par convention, n'est entendue que par le public, pas par les autres personnages. C'est une réplique fournissant au public une pensée du personnage afin de l'éclairer « sur ses réactions, ses intentions ou ses sentiments ».

Le découpage de la pièce
  • L’acte est l’unité la plus longue de la pièce. Il se termine lorsque le rideau s’abaisse (ou bien lorsque obscurité est faite sur scène). Entre deux actes, les lieux et les époques peuvent changer.
  • La scène est l’unité la plus courte de la pièce. De manière générale, on change de scène lorsqu’un ou plusieurs personnages entrent ou sortent.
source

Addition de Fleur :
Avec Tchekhov, Ibsen etc. on n'a déjà plus de scènes, seulement des actes (4 actes en général chez Tchekhov), et, à l'époque beaucoup plus contemporaine - le 20e-21e - il arrive parfois qu'il n'y ait plus d'actes du tout (mais certain.e.s dramaturges conservent encore aujourd'hui des actes et des scènes, juste que ce n'est pas obligatoire maintenant).
Dans le théâtre classique, en général on écrit des pièces de 3 ou 5 actes, le fait d'en écrire 4 est une façon de se démarquer.


Mise en pratique :

Ré-écrivez un extrait de roman en scène de théâtre. Vous pouvez prendre le roman et l'extrait de votre choix. Néanmoins si vous n'avez pas d'inspiration, nous vous proposons quelques exemples que vous pouvez utiliser. L'équipe n'est pas responsable de tout fou rire ou crise de larme survenu pendant cet exercice.
Scène numéro 1 : Harry Potter, JK Rowling
Show
Il se retrouva alors au sommet d’une colline, froide et désolée dans l’obscurité, le vent sifflant à travers les branches de quelques arbres sans feuilles. Rogue, adulte à présent, tournait sur lui-même, le souffle court. Sa baguette magique étroitement serrée dans sa main, il attendait quelque chose ou quelqu’un… Harry se sentait contaminé par sa peur, même s’il savait qu’il ne risquait rien, et il regarda par-dessus son épaule en se demandant ce que Rogue attendait ainsi…
Puis un éclair blanc, aveuglant, en forme de ligne brisée, traversa l’atmosphère. Harry crut que c’était la foudre mais Rogue était tombé à genoux et sa baguette lui avait sauté des mains.
– Ne me tuez pas !
– Ce n’était pas mon intention.
Le bruit qu’avait dû faire Dumbledore en transplanant avait été couvert par le sifflement du vent dans les branches. Il se tenait devant Rogue, les pans de sa robe claquant autour de lui, le visage éclairé par-dessous, à la lumière que projetait sa baguette.
– Eh bien, Severus ? Quel est le message que Lord Voldemort veut me transmettre ?
– Pas… Pas de message… Je suis venu ici de ma propre initiative !
Rogue se tordait les mains. Il paraissait un peu fou, avec ses cheveux noirs en bataille qui voletaient autour de lui.
– C’est… C’est une mise en garde… non, plutôt une demande… S’il vous plaît…
Dumbledore donna un petit coup de baguette. Les feuilles et les branches continuèrent de voler autour d’eux, portées par le vent nocturne, mais le silence tomba à l’endroit précis où Rogue et lui se faisaient face.
– Quelle demande pourrait donc me faire un Mangemort ?
– La… La prophétie… la prédiction… de Trelawney…
– Ah oui, dit Dumbledore. Qu’avez-vous communiqué à Lord Voldemort ?
– Tout… Tout ce que j’ai entendu ! répondit Rogue. C’est pourquoi… c’est pour cette raison… Il pense qu’il s’agit de Lily Evans !
Scène numéro 2 : L'étranger, Albert Camus
Show
Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais déjà fait un fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors ? » a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D’ailleurs, c’était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non. » Elle s’est tue pendant un moment et elle m’a regardé en silence. Puis elle a parlé. Elle voulait simplement savoir si j’aurais accepté la même proposition venant d’une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J’ai dit : « Naturellement. » Elle s’est demandée alors si elle m’aimait et moi, je ne pouvais rien savoir sur ce point. Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je me taisais, n’ayant rien à ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se marier avec moi. J’ai répondu que nous le ferions dès qu’elle le voudrait.
Scène numéro 3 : La Passe-miroir, Christelle Dabos
Show
Berenilde la considéra pensivement. Ses bouclettes blondes, qui dansaient comme des flammes à chaque mouvement de son visage, s'étaient figées. Prise dans le faisceau implacable de ce regard, Ophélie se sentit soudain l'âme d'une brebis jetée entre les pattes d'une lionne. Ses migraines reprirent de plus belle. Elle eut beau essayer de se convaincre que cette douleur n'était pas réelle, que c'était l'esprit de Berenilde qui parasitait le sien, ça lui fit quand même mal. De quoi cette femme la punissait-elle réellement, au fond ?
- Faites ce que vous voulez de votre coeur, ma fille. J'attends uniquement que vous remplissiez vos devoirs et que vous ne déceviez pas.
"Elle ne me punit pas, réalisa alors Ophélie, les poings serrés sur sa robe, elle veut me dompter. C'est mon indépendance d'esprit qui l'inquiète."
Au même instant, le timbre d'une sonnette retentit dans le manoir. Un visiteur s'annonçait. Qui que ce fût, Ophélie le loua intérieurement pour cette venue providentielle. Berenilde s'empara d'une clochette sur la table basse et l'agita. Il y en avait de semblables sur chaque meuble du manoir, afin de pouvoir solliciter un domestique depuis n'importe quelle pièce. Une servante se présenta aussitôt sur une révérence.
- Madame ?
- Où est Mme Roseline ?
- Dans le cabinet de lecture, madame. Elle était très intéressée par la collection de timbres de madame.
Déridée, Ophélie songea que tant qu'il y aurait du papier dans cette maison, sous quelque forme que ce fût, la tante Roseline trouverait de quoi s'occuper les mains.
Scène numéro 4 : De bons Présages, Terry Pratchett
Show
Rampa, adossé contre une statue, se laissa glisser à terre. Aziraphale était déjà tombé à la renverse dans un bouquet de rhododendrons. Une tache sombre s’épanouissait sur sa chemise.
Rampa sentit la sienne s’imprégner de liquide.
Ridicule. Ce n’était pas vraiment le moment de se faire tuer. Il allait devoir fournir tout un tas d’explications. On ne distribue pas des corps neufs comme ça ; il faut toujours expliquer ce qu’on a fait de l’ancien. C’est comme de réclamer un nouveau stylo à un service papeterie extrêmement tatillon.
Il regarda sa main, incrédule.
Les démons peuvent voir dans le noir. Et il vit que sa main était jaune. Il saignait jaune.
Prudemment, il se lécha un doigt.
Puis il alla à quatre pattes vers Aziraphale et vérifia la chemise de l’ange. Si la tâche qui la maculait était du sang, il allait falloir réviser les fondements de la biologie.
« Ouh, ça pique, gémit l’ange dans les profondeurs du bosquet. J’ai été touché juste en dessous des côtes.
- Oui, mais tu saignes souvent bleu ? » s’enquit Rampa.
Les paupières d’Aziraphale s’ouvrirent. De sa main droite, il se palpa la poitrine. Il se rassit. Il se soumit au même examen médical sommaire que Rampa.
« De la peinture ? » demanda-t-il.
Rampa opina.
« Mais à quoi jouent-ils ? demanda Aziraphale.
- Je ne sais pas, mais je crois qu’on appelle ça jouer aux cons. » D’après le ton de sa voix, il savait y jouer, lui aussi. Et bien mieux.
Scène numéro 5 : La Trilogie de Bartiméus - L'Amulette de Samarcande, Jonathan Stroud
Show
Je suis de retour depuis presque cinq heures quand un raclement laborieux retentit au niveau de la planche disjointe ; je vois entrer mon maître, abattu, dépenaillé et carrément nauséabond. Il laisse derrière lui un sillage dont j’espère que c’est de la boue. On dirait une grosse limace. Il monte l’escalier en traînant la patte et, parvenu au premier étage, s’affale contre un mur. Par esprit de curiosité scientifique, j’allume une petite Flamme et je l’inspecte de près. Heureusement que j’ai l’habitude de côtoyer des gnomoncules stygiens et autres créatures du même acabit car il n’est pas beau à voir. On dirait qu’on l’a pris à bras-le-corps pour le rouler dans une mare de fange particulièrement fétide avant de le plonger la tête la première dans une cuve de terre et de foin coupé. Son jean est déchiré et tout ensanglanté au genou, il a les chevaux hérissés, une grosse ecchymose sur la joue ainsi qu’une vilaine coupure au-dessus de l’oreille. Mais le plus beau, c’est son regard furibond.
« Monsieur a passé une bonne journée ? je m’enquiers.
- Du feu, dit-il entre ses dents. Fais-moi du feu, je suis gelé. »
Ce ton hautain de maître qui donne des ordres à l’esclave est un peu déplacé chez une loque humaine dont même un chacal ne voudrait pas, mais je ne proteste pas. Je trouve tout ça irrésistiblement drôle. Alors je rassemble des bouts de bois pour allumer un bon feu réparateur et (sous la forme de Ptolémée) je m’installe près de lui — enfin, pas trop, à cause de l’odeur.
« C’est nouveau, ça, je lance gaiement. Pour une fois que ce n’est pas au djinn de rentrer épuisé et couvert de boue ! Je suis à fond pour ce genre d’innovation. Pourquoi es-tu sorti ? Les émissaires de Lovelace t’ont retrouvé ? Jabor a débarqué ? »
Il répond lentement, toujours sans desserrer les dents :
« Je suis sorti acheter le journal. »
De mieux en mieux, décidément ! Je secoue la tête d’un air navré.
« Tu devrais laisser ces missions périlleuses à plus qualifié que toi ; la prochaine fois, demande à une grand-mère ou à un bambin de deux ans.
- La ferme ! (Il écume.) C’est ce vendeur de journaux, là ! Et son copain Fred. Deux plébéiens ! Ils m’ont volé mon miroir et m’ont attiré dans un traquenard. Je les ai suivis et ils ont essayé de me tuer. D’ailleurs, sans la fille, ils l’auraient fait.
- La fille ? Quelle fille ?
- …mais je me suis ouvert le crâne, je suis tombé dans une flaque, et après, quand ils sont partis, je n’arrivais pas à retrouver mon chemin ; c’était le couvre-feu ; les sphères chercheuses étaient lâchées, il fallait que je me cache sur leur passage. Pour finir, je me suis couché dans un ruisseau qui passait sous un pont et je suis resté une éternité dans la boue pendant que les lumières patrouillaient en haut de la rue. Et après, quand elles sont parties elles aussi, il a encore fallu que je retrouve mon chemin. Ça m’a pris des heures ! Et je me suis fait mal au genou. »
Bon, ce n’est pas du Shakespeare, mais comme conte de fées, c’est ce que j’ai entendu de mieux depuis longtemps. Ça me redonne le moral.
Le but de cet exercice est d'adapter le passage du roman en scénette, ne vous limitez pas aux dialogues initiaux, vous pouvez en rajouter, en enlever ou en changer à votre guise ! Si vous êtes bloqués, peut-être qu'un aparté pourrait vous aider ?
Pensez également à l'utilité des didascalies, en évitant le piège de retomber dans une narration classique : le but n'est pas d'en mettre des tonnes non plus (même si vous suivrez l'exemple d'illustres écrivains) !

Envoyez vos exercices par MP à un des membres de l'équipe, et nous les posteront, anonymisés, à la fin du temps imparti :clavier:

Bon courage !
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par LaLouisaBlack » 08 sept. 2019 - 22:08

Ohlala je découvre tout ça, ça a l'air super chouette ! Ça m'a l'air une sacré orga, bravo à vous :hug: Je tenterai bien l'exercice si je trouve un moment dans ma semaine très chargée :mur:

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Dedellia
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Dedellia » 11 sept. 2019 - 00:25

J’aime bien l’idée du théâtre ! Je ne crois pas avoir le temps pour cette première partie avec les cours, mais je reviendrai certainement un peu plus tard :) Car le concept m’a l’air bien!

Sinon, suggestion puisque vous offrez la possibilité : vous pourriez ajouter une explication sir le fonctionnement des scènes, ce n’est pas intuitif pour tout le monde. :D

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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par anhya » 11 sept. 2019 - 00:38

Oh oui Lou :coeur:

Contente que ça te plaise Dedelia. :biz:
Juste que veux-tu dire par "fonctionnement des scènes"?

Mon cerveau fonctionne un peu au ralenti pour le moment :D
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par flodalys » 11 sept. 2019 - 11:09

Sur le comment on définit une scène dans un acte? C'est ça? Effectivement on peut essayer de trouver ça.
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Eurydice » 11 sept. 2019 - 15:25

Oh la la, ça m'a l'air vraiment génial :coeur: Je vais essayer de faire quelque chose quand je pourrai :D
Ialona a écrit :
08 sept. 2019 - 19:13
Le théâtre n’est pas fait pour la narration, mais pour être joué.
La plupart du temps, oui, mais Musset parle notamment d'un "spectacle de fauteuil" qui permet de s'affranchir davantage des contraintes liées à la scène (bon, au XIXe, ils étaient un peu fous, ils ont mis un vrai canon sur scène xD) pour pouvoir caser tout un tas de trucs improbables :mrgreen:
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"Despair, or folly? It is not despair, for despair is only for those who see the end beyond all doubt. We do not. It is wisdom to recognize necessity, when all other courses have been weighed, though as folly it may appear to those who cling to false hope. Well, let folly be our cloak, a veil before the eyes of the Enemy!"
The Fellowship of the Ring, Tolkien

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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 11 sept. 2019 - 18:11

Merci Eurydice, j'ai ajouté ta remarque :mrgreen:
Contente que ça vous plaise :D
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Roxane » 12 sept. 2019 - 11:22

Ouahou :coeur: c'est super comme idée ! je ne sais pas si j'aurais le temps mais je veux bien tenter la première partie.
Je vois carrément bien l'extrait de la Passe-Miroir "traduit" à la sauce Racine et l'extrait de Stroud à la sauce Molière ou Courteline :lol:

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― Mike Wheeler & Will Byers, Stranger Things

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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Mathy » 13 sept. 2019 - 17:43

Ça a l'air très intéressant comme exercice et une bonne remise en selle ! En plus j'aime beaucoup écrire des dialogues simples sans plus d'analyses de paroles :lol:
Je vais essayer de participer !
Sois toi même et avance ! :boing:


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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Tiiki » 13 sept. 2019 - 17:52

Olalah ça a l'air super tout ça ! :coeur: Je pense essayer au moins la première partie de l'atelier. Merci d'organiser tout ça, ça donne très envie ! :hug:

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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 14 sept. 2019 - 13:06

@dedellia, on a rajouté un petit point sur le découpage de la pièce :

Le découpage de la pièce
  • L’acte est l’unité la plus longue de la pièce. Il se termine lorsque le rideau s’abaisse (ou bien lorsque obscurité est faite sur scène). Entre deux actes, les lieux et les époques peuvent changer.
  • La scène est l’unité la plus courte de la pièce. De manière générale, on change de scène lorsqu’un ou plusieurs personnages entrent ou sortent.
source

@Roxane-James @Mathy et @Tiiki, contente de voir votre enthousiasme ! :boing:
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Fleur d'épine » 14 sept. 2019 - 21:44

C'est cool que vous innoviez totalement les ateliers :D Je trouve ça sympa de faire plusieurs étapes autour d'un thème, et pas n'importe lequel : le théâtre <3 en plus ça a dû vous demander du temps ! Bravo à vous :fan: Après, je trouve que votre définition du théâtre est assez classique, dans le sens où l'histoire des actes et des scènes c'était vrai surtout avant le 19e siècle, mais avec Tchekhov, Ibsen etc. on n'a déjà plus de scènes, seulement des actes (4 actes en général chez Tchekhov, et chez Ibsen 1, 2 ou 3), et, à l'époque beaucoup plus contemporaine - le 20e-21e - il arrive parfois qu'il n'y ait plus d'actes du tout (mais certain.e.s dramaturges conservent encore aujourd'hui des actes et des scènes, juste que ce n'est pas obligatoire maintenant). Après, je comprends tout à fait que vous ayez pris cette définition du théâtre parce que c'est beaucoup plus complexe si on dit qu'il n'y a pas de règles et qu'une pièce de théâtre peut très bien s'écrire comme un immense journal intime, comme l'a fait Sarah Kane par exemple, c'est hyper perturbant (sans dialogues, avec une espèce de discours interne). Pour un atelier mieux vaut cadrer comme vous le faites. Mais je voulais juste souligner qu'il n'y a pas forcément autant de règles au théâtre que vous ne le dites - comme la règle des trois unités dont vous parlez et qui n'a été utilisée qu'au 17e français, même Aristote était plus souple (enfin, vous précisez bien que c'était pendant la période classique). Encore une fois, ce que vous dites n'est pas faux : Molière, Racine, Shakespeare, Corneille écrivait en 4 ou 5 actes avec exposition etc. Mais au fur et à mesure, l'histoire a envoyé valser certaines règles, comme en poésie ou en littérature en fait, et si on regarde même chez Beckett ou Ionesco, les scènes "d'exposition" ne sont pas des scènes d'exposition au sens classique. Voilà, c'était juste une petite remarque mais je vous encourage vraiment dans votre initiative !! :D

Personnellement je ne pense pas participer à celui-là car je trouve que c'est très très cool mais un peu trop scolaire pour moi, et comme j'ai fait des études de théâtre, cette première étape m'intéresse moins mais je suis quand même d'un œil curieux ce que vous proposez par la suite :D
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 15 sept. 2019 - 10:32

Salut @Fleur d'épine ! J'ai ajouté ta remarque sur le découpage de la scène, merci beaucoup :hug:

L'idée ce n'est pas tant de faire un cours, ou de choisir d'expliquer ça de telle manière ou telle manière, c'est vraiment de donner une base et de proposer à tout le monde de dégrossir avec nous, d'ajouter ce qui vous semble important sur telle ou telle définition du théâtre.

Malheureusement (ou heureusement pour moi ^^ ) nous ne sommes pas des profs, donc encore une fois, l'idée n'est pas de faire cours mais de donner des pistes pour pouvoir faire les mise en pratique. Et on compte un peu sur les gens comme toi, qui connaissent mieux que nous le sujet, ou ceux qui le connaisse moins mais qui trouve que ça manque de ci et de ça, pour rajouter tout ce qui vous semble important (sans aller trop dans les détails bien sûr, on ne veut pas refaire trois ans d'études en 3 mois ^^).

Alors ne te retiens pas, ajoute, contredis, argumente, c'est vraiment l'idée de ces ateliers :mrgreen:
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par anhya » 17 sept. 2019 - 22:29

Juste pour vous tenir au courant (parce que les Ateliers 2.0 c'est ça aussi), on n'a pas mal de participation... de la part des animatrices des Ateliers :mrgreen:

Bon pour vous donner une idée, j'ai écris la mienne en moins de 2h (J'ai aussi mangé et regardé la télé entre temps ;) )
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Fleur d'épine » 17 sept. 2019 - 22:39

Oh, de rien :D :hug: Tr§s bien alors, je prends note, je viendrais contredire et argumenter si vous le désirez vraiment :mrgreen: ! Je confirme que c'est une bonne idée en tout cas :)

Je vois que tu m'as citée texto et en fait j'avais pas fait de vérifications, pour Ibsen ce que j'ai dit n'était pas tout à fait juste car il a écrit des pièces à 5 actes (Peer Gynt, Un ennemi du peuple) mais sinon, celles que j'ai lues : La Maison de poupée c'est bien 3 actes, pareil pour Les Revenants, et Hedda Gabler 4 actes. Du coup j'ai vu sur un site que chez les classiques, en général c'est 3 ou 5 actes et le fait d'écrire 4 actes comme le fait Tchekhov dans toutes les pièces que j'ai lues ou Ibsen avec Hedda Gabler, c'est une façon de se démarquer du théâtre classique. En revanche, ce que j'ai dit sur la disparition des scènes est juste : chez Tchekhov comme chez Ibsen, il n'y a plus de scènes, ce qui les différencie du théâtre classique.
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 19 sept. 2019 - 08:50

Merci encore Fleur :hug:
J'ai juste enlever la partie sur Isben dans la parenthèse et rajouter la petite partie sur les 4 actes en dessous. D'autres ajouts sont les bienvenus !

J'en profite pour faire un appel à la motivation de nos chers membres :mrgreen: Et un petit rappel que toute participations aux exercices des étapes resteront anonymes. Nous les partageront tous ci dessous et pourront en parler tous ensemble :D
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Roxane
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Roxane » 22 sept. 2019 - 10:16

On peut toujours envoyer un petit quelque chose ?

“Hey, well, if we're both going crazy, then we'll go crazy together, right?” “Yeah...Crazy together.”
― Mike Wheeler & Will Byers, Stranger Things

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Carminny
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Carminny » 22 sept. 2019 - 10:39

Bien sûr, @Roxane-James1, tant qu'on n'a pas posté ou même après, fais toi plaisir :D

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Roxane
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Roxane » 22 sept. 2019 - 10:46

D'accord, merci Carminny. :D J'envoie ça tout de suite, alors.

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anhya
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par anhya » 23 sept. 2019 - 21:47

Et donc voilà nos premiére participations pour la première étape de cet atelier. *roulement de tambour*
L'étranger
Show
Le soir. Bureau à la lumière blafarde. Au centre, une horloge cassée. A gauche, Meursault assis dans un canapé. Par la droite, entre Marie.

MARIE
Est-ce que tu veux te marier avec moi ?

MEURSAULT, sur un ton égal.
Nous le ferons si tu l’as décidé.

MARIE, avec espoir.
Est-ce que tu m’aimes ?

MEURSAULT, à part.
Nous en avons pourtant déjà discuté. (Il se tourne vers Marie.) Je ne crois pas.

MARIE
Pourquoi m’épouser alors ?

MEURSAULT
Quelle réponse attendais-tu ? (Un temps.)
Cela n’a aucune importance. Si tu le désires, alors nous pouvons nous marier.

MARIE
, avec une dureté soudaine.
Le mariage est une chose grave.

MEURSAULT
Non.


Marie se tait et le regarde en silence.

MEURSAULT
Pourquoi le mariage aurait-il une importance supérieure ?

MARIE
Tout de même. (Elle réfléchit.)
Aurais-tu accepté la même proposition venant d’une autre femme, à qui tu serais attaché de semblable manière ?

MEURSAULT, il sourit.
Naturellement.

MARIE, plus bas.
Fallait-il que je t’aime ?

MEURSAULT
, sur un ton égal.
Je ne sais pas.


Marie se détourne. Elle marche sans un mot vers la porte et il la regarde s’éloigner. Elle atteint la porte. Elle s’arrête, dos à lui.

MARIE
Tu es tellement bizarre. (A part.) C’est comme s’il ne m’entendait pas. (Elle hésite. A lui.) Je t’aime sans doute à cause de cela, mais peut-être un jour me dégoûteras-tu pour les mêmes raisons ?

MEURSAULT, avec lassitude.
Sans doute.

Un silence. Marie le regarde de nouveau. Elle sourit à Meursault, s'avance, et lui prend le bras.

MARIE, le regardant en face.
Je veux me marier avec toi.j

MEURSAULT, sur un ton égal.
Nous le ferons quand tu l’auras décidé.


Un silence. Meursault se lève. Ils sortent par la même porte.
De bons présages
Show
Un jardin devant les portes massives d'un manoir. Il fait sombre sur scène. Rampa est assis au sol, les mains crispées sur son abdomen, il semble respirer difficilement. Un buisson se trouve à l'opposé du démon. Aziraphale est hors champ.

Rampa
dans un râle
C'est froid. Je sens que ma respiration se fait de plus en plus difficile, je sens la vie quitter ce réceptacle fragile et bien peu pratique pour affronter les dangers de la vie.

Silence. La tête de Rampa tombe sur poitrine.

Rampa
se redressant soudainement, plus énergique
Mort !
Quelle poisse! Ce n'est vraiment pas le moment d'aller leur demander un corps neuf, ils ne les distribuent pas aussi facilement que des bonbons à la menthe ! Je préfèrerais encore réclamer un nouveau stylo à un service de papèterie extrêmement tatillon plutôt que de me frotter au service de distribution de corps. "Et qu'est-ce qui c'est passé ?", "et qu'avez-vous fait de l'ancien ?", "et pourquoi vous êtes vous retrouvé au milieu d'un échange de tirs ?", "Comment ça vous ne pouviez pas l'éviter?"

Il pousse un profond et long soupir. Nouveau silence plus long que le précédent.

Rampa
Bon... J'avais souvenir que ça allait plus vite que ça...

Il palpe son abdomen et relève la main à hauteur de ses yeux

Rampa
Par les poils de Belzéb...
Mon incroyable habilité démoniaque à voir dans le noir me révèle que mon sang est jaune ! Jaune ! Comment le soleil, les blés et...
Aziraphale
faiblement, interrompant
La pisse...

Rampa sursaute. Il se lèche un doigt maculé de son sang jaune, puis se dirige à quatre pattes vers le buisson. Aziraphale sort de derrière le buisson, rampant et poussant des râles de mourant. Il rejoint Rampa et s'écroule sur le dos, les bras en croix.

Aziraphale
faiblement
J'ai été touché. Mort au combat, pour la bonne cause, la sainte cause. Juste en dessous des côtes. ça pique, je sens mon sang se répandre sur mon corps.
Rampa
lui palpant les côtes
Si ça c'est du sang, je crois qu'on nous a menti sur les fondements de la biologie. Pourpre, violet à la limite je veux bien, mais bleu ?

Aziraphale se redresse en position assise, énergiquement. Il porte lui aussi la main à ses yeux.

Aziraphale
d'une voix normale
De la peinture ? Mais à quoi jouent-ils ?
Rampa
se levant et tendant la main à Aziraphale
Je ne sais pas, mais je crois qu'on appelle ça jouer aux cons.

Aziraphale attrape la main de Rampa qui le relève. Les deux sortent de scène d'un pas décidé.
L'Étranger 2
Show
Scène n
Marie, Meursault

Dans sa cuisine, Meursault est assis à la table. Marie entre en claquant la porte.
MARIE : Salut, chéri. Comment vas-tu ? En venant j’ai croisé un chien errant. Il était plutôt beau. Tu crois pouvoir t’habituer à un chien ? Ce serait sympa d’en avoir un, non ? D’ailleurs, est-ce que tu veux te marier avec moi ?
MEURSAULT : Ça m’est égal.
MARIE : Ça t’est égal !
MEURSAULT : Nous pouvons le faire si tu le veux.
MARIE : Si je le veux ?! On ne se marie pas parce que l’un le veut ! On adopte un chien parce qu’on en veut un et on ne lui demande pas son avis. Mais on ne se marie pas comme cela ! On se marie par amour ou pour des raisons financières à la limite… Mais… Est-ce que tu m’aimes au moins ?
MEURSAULT : Cela ne signifie rien mais je ne t’aime sans doute pas.
MARIE : Pourquoi m’épouser alors ?
MEURSAULT : Cela n’a aucune importance. Si tu le souhaites, nous pouvons nous marier.
MARIE : Alors nous nous marierons. Je m’imagine déjà en robe blanche et toi en noir à mes côtés… Comment t’imagines-tu la cérémonie ? En automne ? A l’église ?
MEURSAULT : Tu demanderas et je dirais oui.
MARIE : Es-tu bien sûr de toi ? Le mariage est une chose grave.
MEURSAULT : Non.
MARIE, après l’avoir dévisagé longuement : Imagine-toi, imagine-toi un instant que tu ne me connaissais pas ou que tu me connaisses mais que tu connaisses également une autre femme. Est-ce que tu l’épouserais aussi ? Enfin, je veux dire une autre femme à laquelle tu serais attaché de la même façon. Avec laquelle tu aurais partagé ces instants uniques, avec laquelle tu t’entends aussi bien qu’avec moi. Une autre femme qui pourtant n’est pas moi... Est-ce que tu l’épouserais ?
MEURSAULT : Naturellement.
MARIE : Oh, mais pourquoi est-ce que je t’aime ! Ô cœur cruel, pourquoi m’as-tu donné un être aussi implacable et froid comme objet de mon amour ? Quelle divinité ai-je offensé pour mériter cela ? Pourquoi l’aime-je autant alors qu’il ne me le retourne pas ? Oh, toi, toi, pourquoi suis-je autant sous son charme ?
MEURSAULT : Je n’en sais rien.
MARIE, après un instant de silence, en murmurant : Tu es bizarre. C’est sans doute pour cela que je t’aime. Mais peut-être, qu’un jour, tu me dégoûteras pour cela-même… Je veux me marier avec toi.
MEURSAULT : Nous le ferons dès que tu le voudras.
Harry Potter
Show
Au sommet d’une colline dans l’obscurité. Le vent souffle et les feuilles des arbres autour de la scène bruissent. Rogue ne tient pas en place. Il parait impatient et inquiet.
Un intense éclair blanc traverse la scène. Rogue tombe à genoux. Dumbledore entre sur scène.


Rogue suppliant
Ne me tuez pas !

Dumbledore sur la défensive
Ce n’était pas mon intention. Alors Severus ? Quel est le message que Lord Voldemort veut me transmettre ?

Rogue les cheveux volant au vent, le regard fou
Pas…Pas de message…Je suis venu ici de ma propre initiative. C’est une mise en garde… Non, plutôt une demande, s’il vous plait.

Le bruit du vent et des feuilles couvre les paroles de Rogue. Dumbledore actionne sa baguette magique. Le bruit disparait immédiatement.

Dumbledore fronçant les sourcils
Quelle demande pourrait donc me faire un mangemort ?

Rogue cherchant ses mots
La prophétie… la prédiction de Trelawney

Dumbledore, un petit sourire apparaissant sur ses lèvres
Ah oui ! Qu’avez-vous communiqué à Lord Voldemort ?

Rogue presque criant et pleurant
Tout…tout ce que j’ai entendu. C’est pourquoi…c’est pour cette raison…Il pense qu’il s’agit de Lily Evans.
La Passe-Mirroir
Show
Deux femmes au centre de la pièce. Une femme grande, pâle, blonde les cheveux bouclés, voluptueuse et richement vêtue. La deuxième femme plus petite est pâle, les cheveux bruns, une écharpe autour du cou et porte de grosses lunettes et une robe austère.

Berenilde regarde pensivement Ophélie. Ophélie recule, tremble un peu, porte la main à sa tête.
OPHELIE, à part, murmurant pour elle-même : Ces douleurs ne sont pas réelles, elle ne le sont pas. C’est son esprit qui parasite le tiens. Mais de quoi me punit-elle exactement ?
Berenilde s’approche d’Ophélie. Ophélie semble en proie à une grande douleur au crâne.
BERENILDE, sévère : Faites ce que vous voulez de votre coeur, ma fille. J’attends uniquement que vous remplissiez vos devoirs et que vous ne déceviez pas.
Ophélie, étonnée semble réaliser quelque chose
OPHELIE, à part, stupéfaite : Elle ne me punit pas.
OPHELIE, en colère, les poings serrés sur sa robe : Elle veut me dompter. C’est mon indépendance d’esprit qui l’inquiète.
Les deux femmes restent face à face jusqu’à ce que le timbre d’une sonnette résonne. Berenilde s’empare d’une clochette sur la table basse et l’agite.
Aussitôt une servante entre, se place entre les deux femmes, fait une révérence devant Ophélie puis Berenilde.

SERVANTE : Madame ?
OPHÉLIE, inquiète : Où est Mme Roseline ?
SERVANTE : Dans le cabinet de lecture, madame. Elle était très intéressée par la collection de timbres de madame.
Ophélie se détend.
OPHELIE à part, amusée: tant qu’il y aura du papier dans cette maison, sous quelque forme, tante Roseline trouvera de quoi s’occuper les mains.
Harry Potter 2
Show



Scène importante
Severus Rogue, Albus Dumbledore

ROGUE, tournant sur lui-même au milieu d’un vent effroyable : Les branches bougent autour de moi, le vent siffle, il fait si froid et gris. Le temps idéal pour une embuscade. Le brouillard est si mouvant que vous ne croiriez pas aux brigands alors qu’ils étaient sous votre nez en train de vous menacer de leurs baguettes. Craignez, viles créatures, la nuit n’est pas loin et le danger rôde. Il est partout !
Un éclair blanc traverse l’atmosphère, Rogue tombe à genoux.
ROGUE : Ne me tuez pas !
DUMBLEDORE, sa baguette éclairant la scène : Ce n’était pas mon intention. Eh bien, Severus ? Quel est le message que Lord Voldemort veut me transmettre ?
ROGUE : Pas… Pas de message… Je suis venu ici de ma propre initiative ! C’est… C’est une mise en garde… non, plutôt une demande… S’il vous plaît…
Dumbledore lance un sort et le silence se fait.
DUMBLEDORE : Quelle demande pourrait donc me faire un Mangemort ?
ROGUE : La… La prophétie… la prédiction… de Trelawney…
DUMBLEDORE : Ah oui. Qu’avez-vous communiqué à Lord Voldemort ?
ROGUE : Tout… Tout ce que j’ai entendu ! répondit Rogue. C’est pourquoi… c’est pour cette raison… Il pense qu’il s’agit de Lily Evans !
Harry Potter 3
Show
La scène se tient au sommet d’une colline. On entend le bruit du vent qui siffle.
Rogue est seul sur scène, il est agité, va d’un bout à l’autre de la scène. Un éclair illumine la scène.
Entre Dumbledore
Rogue tombe à genoux et lâche sa baguette.


ROGUE (suppliant) : Ne me tuez pas !
DUMBLEDORE (calme) : Ce n’était pas mon intention, Severus. Vous m’avez appelé, quel est le message de Voldemort ?
ROGUE (en proie à l’agitation) : Pas… Pas de message… Je suis venu ici de ma propre initiative !

Rogue s’interrompt. Il regarde tout autour de lui, inquiet.

ROGUE : C’est… C’est une mise en garde… non, plutôt une demande… S’il vous plaît…

Dumbledore donne un coup de baguette autour d’eux. Soudain, c’est le silence sur scène, seuls les deux personnages sont éclairés.

DUMBLEDORE (calmement) : Quelle demande pourrait donc me faire un Mangemort ?
ROGUE : La… La prophétie… la prédiction… de Trelawney…
DUMBLEDORE : Ah oui ! Qu’avez-vous communiqué à Lord Voldemort ?
ROGUE (désespéré) : Tout… Tout ce que j’ai entendu ! C’est pourquoi… c’est pour cette raison… Il pense qu’il s’agit de Lily Evans !
La Passe-miroir 2
Show
Berenilde et Ophélie sont au centre du plateau. Elles se dévisagent. Ophélie baisse la tête et marmonne en se massant les tempes.

Ophélie, en apparté - Voilà que mes migraines recommencent… je parie que c’est de sa faute. Cette femme est démoniaque… qu’ai-je bien pu lui faire pour qu’elle me punisse de la sorte ?
Berenilde, d’un ton acerbe – Vous dites, ma chère ?
Ophélie, paniquée – Rien du tout.
Berenilde – Il m’a pourtant semblé entendre une voix.
Ophélie – Je vous assure, Madame, que je n’ai rien dit.
Berenilde, au public – Nous verrons cela… (elle se tourne vers Ophélie) quant à votre cœur, faites-en ce que vous voulez, ça m’est bien égal du moment que vous remplissez vos devoirs.
Ophélie – Oui, Madame.
Berenilde – Et ne me décevez pas.

Ophélie soupire et serre les poings sur sa robe avant d’acquiescer sèchement. On sonne.

Berenilde – Qu’est-ce donc que ce charivari ?

Ophélie, au public – Merci Artémis ! Je vais enfin échapper aux griffes de cette femme !

Berenilde agite une clochette. Une servante entre, fait la révérence. Ophélie ramasse ses robes et rajuste son écharpe, prête à s’enfuir.

La servante – Madame m’a appelée ?
Berenilde – En effet. Où est Madame Roseline ?
La servante – Dans le cabinet de lecture, Madame. Elle s’intéresse à la collection de timbre de Madame.
Ophélie, en apparté – En voilà au moins une qui ne s’ennuie pas…

Berenilde, se tournant vers Ophélie – J’ai de la visite. Vous êtes libre de rejoindre vos quartiers, à présent.

Elle fait signe à la servante de pousser Ophélie hors de la pièce et s’affale sur un divan en rajustant ses châles avec empressement.

Berenilde – Peut-être est-ce Farouk ? Oui, c’est sûrement lui qui veut me voir…

Elle agite sa clochette et donne l’ordre aux servantes de la coiffer et de la pomponner. Celles-ci s’affairent autour d’elle en gloussant. Puis un valet de chambre entre. Berenilde chasse ses servantes d’un geste de la main. Elle rejette sa tête en arrière et crie :

Berenilde – Qu’il entre !

Tomber de rideau.
De bons Présages 2
Show


Le jardin du cloître est bien entretenu malgré les années passées, de petites haies de buis taillées minutieusement entourent des bosquets de fleurs et de graminés qui côtoient quelques statues tant usées après plusieurs siècles livrés aux intempéries de la campagne anglaise que les visiteurs peuvent se plaire à les contempler en cherchant à imaginer les traits que les artistes avaient originalement voulu leur prêter.

Pourtant  ce paisible jardin, l’ambiance est pour l’heure peu propice à la flânerie et à la méditation. 


Deux silhouettes surgissent sous les arcades en courant, l’un des deux hommes tient une lanterne. Ils se précipitent dans le jardin. 

A l’étage un petits groupes embusqués armé de fusils et en treillis militaires attendent en embuscades. Depuis une fenêtre de l’étage des détonations fusent …

fuish fuish fuish ... 

la lanterne s’est brisée


La nuit à beau être claire, la lumière bleutée ne laisse pas entrevoir tous les détails de la scène. 


Rampa, adossé contre une des statues, de profil, se laisse glisser à terre. Les coups de feu cessent. Quelques ordres étouffés par les murs fusent, puis les pas des invisibles assaillants s’éloignent. 


Le démon se permet un regard depuis sa cachette. Il repère Aziraphale, qui gît à la renverse dans un bouquet de rhododendrons un peu plus près du public. Sur sa chemise blanche une tache sombre de mauvaise augure s’épanouit.


Rampa glisse prudemment du coté de la statue, faisant ainsi face au public. Il tente de se lever en grognant, baisse les yeux vers sa veste, puis se palpe le torse. 



RAMPA (au ciel)

Ah, ha, ha, très drôle, très bonne blague, j'applaudirai bien à votre sens aigu de la dramaturgie si ce n’était pas aussi parfaitement ridicule…

Bordel de Dieu de… pardon ... mais ce n’est vraiment pas le moment là! On à une apocalypse à arrêter, pas le temps pour la paperasse et tout … 

Bon, écoutez! Je ne peux pas me permettre de mourir aujourd’huis, on peut bien reporter d’un jour? Non? Quelques heures? Toujours aussi bavard, hein ...

(il soupire baisse les yeux, la colère laisse place à l’inquiétude)

Aziraphale! pssit Aziraphale, dis, il ne te resterait pas un petit miracle sous la main par hazzzsssard … (Silence)

Aziraphale, tout vas bien? 


Aziraphale gémit faiblement, et bouge un pied, Rampa semble soulagé.


RAMPA (à lui même) Hé merde, comment je vais justifier ça …Hastur vas jubiler. Journée de … j’avais pas prévu de passer mon week end à faire la queue dans un des bureau crasseux du 7ème cercle … et puis qui sait quels corps ils ont encore en réserve depuis le temps. Brrr … rien que d’y penser mon sang se glace … hum … 


Rampa a relevé sa main et la regarde, incrédule. Il la tourne lentement plusieurs fois, puis prudemment se lèche un doigt. 


Des pas et des voies se rapprochent, des lumières illuminent furtivement l'étage… Rampa vas à quatre pattes vers Aziraphale. Il vérifie la chemise de l’ange.



AZIRAPHALE (depuis les profondeurs du bosquet)

Ouh (il gémit) ça pique! J’ai été touché juste en dessous des côte. Ça saigne beaucoup? 


RAMPA

Oui … mais dis moi, tu saigne souvent bleu? 


Aziraphale se redresse et ouvre les yeux. Il se palpe la poitrine. Les bruits de pas s’évanouissent. L’ange claque des doigts et une des lanterne sous les arcades s’allume. Sur son torse la tâche est en effet d’un joli bleu, celle sur le gilet de Rampa est quand à elle jaune citron.


AZIRAPHALE

De la peinture? 


Rampa opine, il ramasse ses lunettes de soleil tombées pendant l’attaque, et les remets pour cacher la lueur rougeoyante si peu naturelle de ses pupilles. Aziraphale se relève à son tour, époussetant délicatement son costume du revers de sa main.


AZIRAPHALE

Mais à quoi jouent-ils?


RAMPA (d’un ton inquiétant)

Je ne sais pas, mais je crois qu’on appelle ça jouer aux cons. (un sourire qui n’annonce rien de bon étire ses lèvres) 
Harry Potter 4
Show
Le rideau se lève.


Noir.


D’abord il n’y à que le vent sifflant, puis un grondement lointain d’orage qui se rapproche tandis que peu à peu, émergent de l’obscurité des arbres tortueux qui agitent leurs branches presque nues sur le haut d’une colline. 

C’est l’automne, c’est la nuit, des feuilles mortes frémissent sur le sol. 


(Plusieurs acteurs sont disséminés parmi le public)



SILHOUETTE 1 (Moqueur)

« It was a dark and stormy night »


Les autres acteurs mêlés au public lui intime de se taire… une dispute commence, bientôt interrompue par un flash de lumière qui déchire la scène suivit du grondement sourd du tonnerre, puis par un second flash plus discret.


Un homme est apparu au centre de la scène. Une vingtaine d’année, maigre et pâle, il à un nez crochu, un teint cireux et de longs cheveux lisses et gras noir corbeau. Il est vêtu d’une robe noire lui tombant jusqu’au pieds. Il s’agit de Severus Snape. 

Il tourne sur lui même, fouillant du regard les angles obscurs du plateau, le souffle court, les gestes nerveux, un bout de bois serré dans sa main comme toute arme. Il ne semble pas se préoccuper tant des éléments qui se déchaînent, mais attendre quelqu’un. 


Un jeune homme, des lunettes abîmées, les cheveux noir en bataille, arrive par le jardin. Ses vêtements sont maculés de boue et de sang. il traverse le plateau lentement. Il s’agit de Harry Potter. Il ne semble pas être touché par les éléments déchaînés et sa silhouette est un légèrement fluorescente, comme si il n’appartenait pas à ce monde. 


Severus continue son ballet angoissé sans voir Harry qui s’approche de lui, l’observe, se penche derrière lui pour tenter d’apercevoir l’objet de son inquiétude. Ce manège continue un moment, puis le jeune homme semble gagné par l’angoisse à son tour et regarde par dessus son épaule en direction du public. 


Il plisse les yeux derrière ses lunettes et tente de se recoiffer d’un geste nerveux. Alors qu’il ouvre la bouche pour interpeller l’audience, un faisceau de lumière déchire à nouveau la scène, comme si la foudre tombait. 


Severus tombe à genoux, se tenant la main. Sa baguette gît non loin des pieds de Harry qui s’est couvert les yeux, aveuglés par la lumière, toujours face au public. Harry se retourne. 


Une haute silhouette aux cheveux argentés, vêtu d’une élégante robe de sorcier gris perle braque sur Severus sa baguette dont l’extrémité scintille d’une lueur blanche.  Le visage du vieil homme est rendu plus intense et sévère par cette lumière qui l’éclaire du dessous.  



SILHOUETTE 1 (depuis le public)

Ouaih ! Vas y Gandalf, met lui une raclée!


SILHOUETTE 2 (depuis le public)

Mais faites le taire!


SILHOUETTE 3 (depuis le public)

Papa Arrête, s’il te plais … tu avais promis


Harry jette un coup d’oeil vers la salle, fais quelques pas, visiblement perturbé, puis son attention reviens sur la scène. Il disparaît peu à peu dans l’ombre tandis que l’éclairage se resserre sur l’action présente. 


L’action interrompue par l’intervention se remet en marche. Severus rampe un peu en arrière, terrifié.



SEVERUS

Ne me tuez pas !


Un instant, le vieil homme ne répond pas, les pans de sa robe claquent autour de lui furieusement, le coeur de la tempête semble avoir gagné la colline. Albus Dumbledore, car il s’agit de lui, est terriblement charismatique. 


DUMBLEDORE

Ce n’était pas mon intention.


Les éléments comme s'ils répondaient à l’homme s’apaisent un peu, le bruit du vent décroit légèrement. 


DUMBLEDORE

Eh bien, Severus ? Quel est le message que Lord Voldemort veut me transmettre ?


Le dénommé Severus, toujours à terre, secoue la tête négativement. Les mains enfoncée dans la terre, il semble buter sur les mots, hésiter, les épaules voûtées, le regard fuyant. Le vieil homme reste imperturbable devant la détresse évidente de son ennemi. Puis ce dernier respire longuement avant de se redresser légèrement.


SEVERUS

Pas… Pas de message… Je suis venu ici de ma propre initiative !


Le vieil homme semble légèrement surpris, mais ne baisse pas sa garde même si il recule légèrement pour permettre au jeune homme de se relever. 

Ce dernier se tord les mains. Il à l’air un peu fou, ses cheveux noirs en bataille voletant au vent, la tempête autour d’eux reprenant de la force. Des feuilles mortes et des branchages tourbillonnent autour des deux hommes.




SEVERUS (criant, la voix éraillée, pour couvrir les éléments)

C’est… C’est une mise en garde… non, plutôt une demande… S’il vous plaît…


Dumbledore agite sa baguette et les éléments se calment autour d’eux, même si en dehors du cercle lumineux qui s’étend peu à peu la tempête semble continuer. Le silence se fait et il abaisse sa baguette.


DUMBLEDORE

Quelle demande pourrait donc me faire un Mangemort ?


Le jeune homme ne relève pas, il semble toujours fébrile, mais moins apeuré qu’avant.


SEVERUS

La… La prophétie… la prédiction… de Trelawney…


DUMBLEDORE(d’un ton distrait, presque rêveur)

Ah oui …


Dumbledore tourne le dos au public, croisant ses mains dans son dos, et fait quelques pas, comme si il prenait le temps d’observer le paysage. Puis il penche tranquillement, comme pour cueillir une fleur. Lorsqu’il se redresse et se tourne vers le public il tient dans sa main la baguette de Severus.

Le jeune homme observe la baguette qui tourne entre les doigts de l’homme, inquiet.



DUMBLEDORE

Qu’avez-vous communiqué à Lord Voldemort?


Severus lorsqu’il entend le nom, se recroqueville sur lui même comme si il avait reçu une décharge électrique. En proie à une lutte intérieure, il tourne le dos à son ennemis pour nous faire face. Il se prend la tête dans les mains, s’arrache les cheveux...


SEVERUS (à lui même)

Qu’attend tu, sombre idiot, ta présence en ces lieux est déjà une trahison. Tes pensées même sont trahison, ton coeur est trahison. Il n’y a plus de retours possibles, tu as déjà choisi, sinon tu ne serais pas là. Pourquoi est ce si dur de prononcer ces mots? Parce que ce qui était noble et glorieux se délite dans l’ombre de la honte? Est ce que tu as juste peur du rire de ton ennemi, peur qu’il balaye ta requète lui aussi… Qu’a tu à perdre. Être seul tu est capable d’y survivre, mais si tu tais tes craintes, d’ici quelques mois … Non ! Ton orgueil, ta fierté, tes rêves de grandeurs, a quoi riment ces mots si jamais… l’espoir s'éteint. Parle Stupide Fou! Elle est ...


SEVERUS (à voix haute)

Tout… Tout ce que j’ai entendu ! 


Il se redresse et se tourne vers l’homme, vacillant légèrement mais se tenant droit, décidé. Dumbledore l’observe toujours sans pitié aucune mais arrête de jouer avec sa baguette et semble de nouveaux attentif. 


SEVERUS

C’est pourquoi… c’est pour cette raison… Il pense qu’il s’agit de … Lily Evans !
Alors vos ressentis sur les premiéres participations! Les textes semblent-ils respecter les régles du théatre? Avez vous des commentaires, des questions, des reviews?
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 24 sept. 2019 - 17:49

Ok je me lance :mrgreen:

Les commentaires et questionnements que j'ai portent surtout sur les différences de didascalies entre les scènettes. Dans toutes les pièces de théâtre que j'ai pu lire et assez logiquement, les didascalies ne sont que des indications de décors et de jeux, mais doivent être visualisables.
Dans cet esprit, je trouve que dans les deux derniers exemples, elles ne sont pas utilisées correctement, et donne trop d'indications imaginables mais pas jouables, donc entrent plus dans le récit romanesque que théâtrale :
exemple De bon présage 2 a écrit :Pourtant dans ce paisible jardin, l’ambiance est pour l’heure peu propice à la flânerie et à la méditation.
exemple HP 4 a écrit :C’est l’automne, c’est la nuit, des feuilles mortes frémissent sur le sol.
Dans le deuxième exemple, à la limite on peut imaginer pouvoir créer des feuilles frémissantes sur le sol, mais on peut difficilement "voir" l'automne.

Sinon je trouve ça très intéressant de voir les mêmes passages interprétés différemment. Il semble que seul les adaptations de Harry Potter sont extrêmement fidèles aux dialogues originaux (on sent les fans frustrés des adaptations ciné nan ? :mrgreen: ), alors que dans les autres extraits plus de libertés ont été prises.

Intéressant aussi de voir de nouveaux dialogues apparaitre pour décrire les descriptions des romans, ou développer une pensée.

Et c'est moi ou les deux extraits de l'étranger sont carrément de deux registres différents ? Le premier est plutôt tragique je trouve (je ne sais pas ce qui me fait cette impression... Les phrases courtes ? La lassitude répétée de Meursault ?), alors que le deuxième est clairement comique (l'ajout de la comparaison du mariage à l'adoption d'un chien lance le ton).
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Tiiki
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Tiiki » 25 sept. 2019 - 17:55

Merci Ialona d'avoir été la première à te jeter à l'eau :mrgreen: (en plus, je suis d'accord sur à peu près tout ce que tu dis)

C'est vrai que les deux derniers exemples contiennent beaucoup de didascalies par rapport à des scènes plus classiques, et certaines ne sont clairement pas destinées à être mises en scène, du coup je te rejoins @Ialona quand tu dis qu'elles ne sont pas utilisées correctement. Mais j'ai l'impression que ça rejoint aussi un peu l'idée de théâtre de fauteuil, qui serait surtout fait pour être lu (c'est Eurydice qui l'évoquait).


Une autre remarque par rapport aux didascalies, je me suis fait la réflexion en lisant deux des versions d'Harry Potter qu'elles ne sont pas forcément nécessaires pour toutes les répliques :
Harry Potter a écrit :
[...]Un intense éclair blanc traverse la scène. Rogue tombe à genoux. Dumbledore entre sur scène.

Rogue suppliant
Ne me tuez pas !
Harry Potter 3 a écrit :
[...]Rogue tombe à genoux et lâche sa baguette.

ROGUE (suppliant) : Ne me tuez pas !
Je ne suis pas convaincue de la nécessité de préciser que Rogue est "suppliant", le fait qu'il soit agenouillé ainsi que sa réplique vont déjà dans ce sens. Je trouve que ça rejoint plus l'esprit de l'écriture d'un roman, au théâtre (en tout cas celui que j'ai l'habitude de lire et de jouer) il n'y a pas vraiment de place laissée au superflu. Je trouve aussi que ça rend les didascalies suivantes beaucoup moins efficaces à la lecture (je pense surtout à la première version d'HP, le fait qu'il y ait systématiquement des didascalies je saurais pas trop dire pourquoi mais je trouve pas ça très naturel).
La Passe-miroir a écrit :
OPHELIE, à part, murmurant pour elle-même : Ces douleurs ne sont pas réelles, elle ne le sont pas. C’est son esprit qui parasite le tiens. Mais de quoi me punit-elle exactement ?
[...]OPHELIE, en colère, les poings serrés sur sa robe : Elle veut me dompter. C’est mon indépendance d’esprit qui l’inquiète.
De la même manière, j'ai un peu de mal avec les didascalies dites "pléonasmiques" (j'ai choisi l'extrait ci-dessus simplement à titre illustratif) où l'une des parties n'apporte pas forcément grand chose à l'autre (je pense toujours au passage à la scène, et du coup je ne fais pas franchement de différence entre un aparté et le fait de "murmurer pour soi" parce que c'est la même représentation scénique, pareil pour la notion de colère et les poings serrés, même si j'ai adoré cette idée de geste qui traduisait une émotion, ça c'est vraiment efficace je trouve).

Bon, globalement j'ai trouvé que le défi était relevé à chaque fois, désolée si cette première partie était assez critique. Ça relevait vraiment de ma propre conception du rôle des didascalies, mais ça se discute (surtout quand on voit l'importance des didascalies dans certains des extraits, encore une fois). :D


Dans trois des extraits, les noms des personnages ne sont pas en capitale. C'est vrai que les deux sont possibles, mais à titre personnel quand je lis du théâtre c'est quasi-systématiquement en majuscules, et je trouve que cette convention rend l'ensemble beaucoup plus lisible et facile pour se repérer.


C'est vrai que c'est très intéressant de voir ce qui a pu être fait à partir des mêmes textes. Finalement, aucune proposition ne se ressemble. Les deux versions de l'Étranger ont en effet un registre totalement différent (outre les arrangements des dialogues qui sont différents, le rythme et le choix des didascalies orientent vraiment les deux textes dans des directions totalement opposées). De la même manière, les deux textes sur De bons Présages ont vraiment un rythme différent. Il est plus lent et heurté pour le premier (ce qui n'empêche étonnamment pas l'humour lorsqu'il est ponctuel et bien placé : "la pisse"), et beaucoup plus énergique pour le second (notamment grâce à la présence de beaucoup de didascalies, de phrases courtes, voire interrompues par des points de suspension). Dans les deux extraits sur la Passe-miroir, je trouve vraiment qu'à chaque fois les apartés étaient très opportuns, ça rend vraiment bien et ça permet de donner un vrai dynamisme à l'ensemble. Je trouve que cet exercice montre vraiment l'importance non seulement du texte mais aussi et surtout des didascalies et des styles de phrases (exclamatives, longues, brèves, carrément interrompues...) dans le rythme d'une scène.


(J'ai réédité le message, je sais pas pourquoi il s'est envoyé alors qu'il était en pleine construction xD)
Voilà voilà, j'espère n'avoir froissé personne (si jamais), et j'ai hâte de lire vos impressions aussi ! :hug:
Dernière modification par Tiiki le 25 sept. 2019 - 19:32, modifié 1 fois.

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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Carminny » 25 sept. 2019 - 18:40

Ça va être un message pas très productif, je vous préviens directement. :mrgreen:
En tout cas J'ai adoré lire les différentes participations, notamment ceux qui avaient traité les mêmes textes que moi. Je trouve ça génial de constater les différences au niveau de la mise en scène décrite et des nouveaux dialogues. J'ai surtout remarqué ça dont les réécritures de "De bons présages", j'étais éclatée de rire. Bravo !
Quel dommage qu'on ne puisse pas les jouer :lol:

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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Ialona » 25 sept. 2019 - 18:53

Je te rejoins sur les didascalies "pleonasmiques' Tiiki :mrgreen: Cela dit c'est vrai que ma perception de l'utilité des didascalies vient surtout du fait que je n'ai jamais imaginé le théâtre comme du théâtre de fauteuil (du coup je comprend beaucoup mieux l'idée), et je me souviens que petite quand je lisais des pièces, j'avais besoin de les jouer.

Ce qui est aussi intéressant, à mon avis, dans le fait d'utiliser le moins possibles les indications, c'est de laisser le plus de liberté possible à l'interprétation de l'acteur. Contrairement à un roman, la pièce de théâtre se crée à plusieurs. L'auteur n'est que le premier artisant, et je trouve ça trop chouette de pouvoir apporter plein de différentes vision, selon la lecture de chacun.
Ce n'est que ma vision des choses bien sûr, je conçois complètement que d'autre préfèrent être le plus précis possible sur leur vision de la scène :D
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Lul » 25 sept. 2019 - 19:35

Je ne m'y connais pas beaucoup en théâtre mais je rejoins assez ce que vous avez dit : pour moi clairement les deux dernières scènes ne sont pas écrites comme du théâtre "habituel" mais comme du théâtre à lire. Vu le contexte ça ne me dérange absolument pas, parce que justement étant postées ici ou sur le héron c'est exactement leur vocation d'être lues et non jouées, et donc pour un lecteur tout l'environnement visuel doit être décrit (alors que pour un spectateur il sera montré). Par contre cette écriture ne conviendrait pas à mon sens pour une pièce de théâtre plus classique, parce que comme le dit Ialona c'est aussi intéressant de laisser de l'interprétation aux acteurices et aux metteurs.teuses en scène.

Après certain.e.s jouent aussi avec les didascalies : quand dans La cantatrice chauve Ionesco écrit "La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais." ou "La pendule ne sonne aucune fois." ce sont clairement des didascalies pour celleux qui lisent la pièce plus que pour la mise en scène (à la limite la deuxième peut être jouée, avec les personnages qui attendent des coups qui ne viennent pas, mais je ne vois pas trop la mise en scène des coups anglais :lol:). Mais bon, on ne peut pas dire que Ionesco fasse trop dans le classique non plus ^^
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par flodalys » 25 sept. 2019 - 20:19

Pareil qud Ialonna,j'ai du mal à juste lire du théâtre, je me revois en 6e a traverser le salon en long en large et en travers pour jouer tous les personnages.
Mon prof de théâtre à tendance à nous virer les didascalies pour nous laisser plus de liberté.

Après peu de didascalies ou non, c'est un choix d'auteur et il en faut pour tous les goûts, l'écriture du théâtre n'est plus aussi rigide. Personnellement les didascalies qui font une demie page c'est pas mon trip, mais c'est personnel si les auteurs préfèrent les didascalies descriptives ça ne me choque pas.
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Haru Nonaka
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par Haru Nonaka » 27 sept. 2019 - 00:01

Bravo a tous pour vos adaptation.

Pour rebondir sur ce que disait Ialona, à propos du peux de changements dans les répliques de la scène d’Harry Potter, je suis assez d'accord sur le fait qu’il y a sans doute le fait que ce soit du a une sorte de vengeance de fan face au scènes de la pensine lors de l’adaptation ciné (j’avoue ne pas me souvenir bien des scènes mais d’avoir été assez agacée par les tronquages à la pelle, d’ailleurs la mention (« Scène importante » m’a fait sourire ^^)), mais plus encore je pense qu'il y a peu de choses à « arranger »dans les dialogues parce que la scène est construite de façon assez
« dramatique » de base, vu qu’on a Harry en spectateur qui la voit se dérouler devant lui sans explication.

A l’opposé, dans Camus, il n’y a que des bribes rapportées dans un passage qui résume, alors automatiquement, a moins de faire un monologue du personnage qui rapporterai a quelqu’un ce qui à conduit à ses fiançailles, il y a beaucoup de réécriture à la clef. Concernant vos deux adaptations de cet extrait là, je suis plutôt d’accord avec ce qui a été dit, alors je ne vais pas répéter, c’est très agréable de voir les différences entre les deux textes ^^ c’est le cas aussi pour toutes les autres

C’est interessant aussi de voir ( j’ai noté ça particulièrement dans les adaptations du Passe Miroir), ou vous choisissez d’arrêter la scène, et aussi l’orientation que ça donne à cette scène. Dans la première adaptation on suis plus le point de vue d’Ophelie (comme dans l’extrait original il me semble) et dans le second, le point de vue est plus équilibré entre les deux personnages, car Berenilde aussi est de confidence avec le public, d’ailleurs c’est sur elle que se finit la scène. Les deux adaptations fonctionnent aussi bien l'une que l'autre mais je préfère la seconde qui est un peu plus interactive et donne plus d’information, j'y ressent plus le conflit. (question de gout personnel)

La place de la scène aussi dans la pièce joue beaucoup je crois, si c’est une scène qui termine un acte, ou bien le débute, si elle est placée au début ou à la fin, il n’y a pas la même dose d’information à fournir. Il en vas de même pour les didascalies de décors ou de présentation des personnages. Par exemple on n’aura pas du tout la même présentation dans le dernier extrait proposé (la Trilogie de Bartiméus), si il est placé en début d’acte, début de pièce ou plus tardivement et que le décor a déjà été utilisé ….
D’ailleurs, j’aurais bien aimé lire différentes adaptation de cet extrait là aussi. Mais je me contenterai de lire les livre, pour me consoler (et comprendre un peu plus l'univers ^^).

J'ai hâte de voir la suite de l'atelier

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anhya
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par anhya » 02 oct. 2019 - 21:45

DEUXIEME ETAPE
Zoom sur les registres du théâtre
Du 3 au 17 Octobre


Disclaimer : L'équipe des ateliers n'a pas vocation à devenir un groupe de profs de si tôt. Les 'cours' donnés durant les ateliers sont puisés de l'internet mondial et sont faits pour être améliorés de vos ajouts et de vos commentaires. Le but des ateliers est de vous aider à écrire et de vous faire sortir de vos habitudes, pas de vous dire ce qu'il faut et ne faut pas faire.


Qu'est-ce qu'un registre littéraire ?
On appelle registre littéraire (ou « tonalité », « ton ») l’ensemble des caractéristiques d’un texte qui provoquent des effets particuliers (émotionnels ou intellectuels) sur le lecteur ou le spectateur. Dans un même texte, on peut trouver plusieurs registres et aucun registre littéraire n’est lié exclusivement à un genre littéraire.

Les différents registres dans les grandes lignes :

- Comique : l’énonciateur cherche à faire rire. Il peut s’agir d’un comique de mots, d’un comique de situation, d’un comique de gestes ou d’un comique de caractères.

- Tragique : il s’agit de susciter la peine ou la pitié du lecteur. On met souvent en scène dans le registre tragique l’impuissance de l’homme face à la mort ou face à son destin.

- Lyrique : il consiste à exprimer ou partager ses sentiments personnels.

- Pathétique : il consiste à émouvoir le lecteur, à susciter la pitié, la compassion. Le mot « pathétique » vient du grec pathos, qui signifie la douleur.

- Satirique : il consiste en la critique de quelque chose ou de quelqu’un en se moquant. On dénonce ainsi des vices et des défauts de quelqu’un ou de la société.

- Ironique : il est également une critique, mais cette fois-ci déguisée. L’ironie consiste à dire le contraire de ce que l’on pense.

- Polémique : le terme polemos en grec signifie la guerre, le combat. Dans le registre polémique, le but est ainsi d’attaquer, avec des mots souvent violents.

- Épique : il met en scène un héros, qui a généralement de grandes qualités. Il présente également des forces antagonistes qui s’affrontent, représentant le bien et le mal. Le registre épique utilise de nombreuses hyperboles, c’est-à-dire des exagérations.

Source : ici et ici

Les registres comique, satirique, parodique et burlesque

Spoiler
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Définition et fonctions :
Très fréquent au théâtre, le registre comique se retrouve dans tous les genres littéraires.
Le registre comique peut avoir plusieurs fonctions :
  • il vise à faire rire et à divertir (→ fonction ludique),
  • il peut dédramatiser une situation angoissante,
  • il peut également avoir une fonction critique efficace, en mettant en évidence les défauts des hommes, de la société, d’un comportement pour les corriger (→ castigat ridendo mores).
Registres attachés au comique :
Registre satirique : un texte satirique critique, en s’en moquant, les défauts d’un individu (ou d’un groupe d’individus), d’un comportement, etc.
Registre parodique : la parodie est une imitation satirique (d’un texte sérieux, du style d’un auteur) dont le but est de faire rire.
Registre burlesque : le burlesque repose sur un contraste entre le style et le sujet traité (traiter un sujet sérieux en style vulgaire, et vice versa).

Procédés et caractéristiques :
Jeux de mots (polysémie)
Jeux sur les niveaux de langue
Jeux sur les sons
Répétitions, accumulations
Humour
Ironie
Caricature
Quiproquos
Hyperboles, exagérations
Le registre tragique

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Définition et fonctions :
Le registre tragique est caractéristique de la tragédie classique et du théâtre du XXe siècle. On peut également trouver du tragique dans certains romans (par exemple chez Malraux, Camus, etc.)
Un texte tragique émeut le lecteur car il présente des situations sans issue : les personnages, tourmentés par de fortes passions ou par un dilemme, ne peuvent éviter un dénouement malheureux (la mort ou la folie).
C’est un registre qui inspire l’effroi (devant la puissance du destin) et la pitié.

Procédés et caractéristiques :
Registre de langue soutenu
Interrogations et exclamations, ponctuation affective
Métaphores et comparaisons, figures d’opposition (antithèses, chiasmes) et d’amplification
Champ lexical du destin, de l’impuissance, de la souffrance, de la faute, de la mort
Le registre lyrique

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Définition et fonctions :
Le registre lyrique est l’expression des états d’âme et des émotions : plainte, regret, nostalgie, joie, etc.
Ce registre est très fréquent en poésie (→ poésie romantique), mais on le retrouve aussi au théâtre ou dans le roman.
Le registre lyrique cherche à émouvoir le lecteur.

Registre attaché au comique :
Registre élégiaque : un texte élégiaque est un texte lyrique qui exprime la mélancolie et dont le thème est souvent le malheur en amour ou la mort.

Procédés et caractéristiques :
Champ lexical des émotions et des sentiments (vocabulaire affectif)
Ponctuation forte
Pronoms personnels de la première personne (→ fonction expressive du langage)
Métaphores et comparaisons, hyperboles, antithèses, apostrophes, etc.
Travail sur le rythme
Le registre pathétique

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Définition et fonctions :
Ce registre est fréquent dans le roman et la poésie, mais aussi au théâtre (notamment dans la tragédie).
Le registre pathétique inspire au lecteur des émotions tristes et fortes devant une situation inhumaine (→ compassion).

Procédés et caractéristiques :
Lyrisme
Champ lexical de l’affectivité, de la souffrance, du désespoir voire de la mort
Phrases exclamatives et interrogatives, interjections
Figures d’amplification (hyperboles), métaphores, comparaisons
Ellipses narratives
Le registre ironique

Spoiler
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Définition et fonctions :
L’ironie fait entendre le contraire de ce que l’on dit, dans le but de faire rire de quelque chose ou de quelqu’un (→ moquerie) ou encore dans un but critique ou polémique.

Procédés et caractéristiques :
Figures d’opposition (notamment l’antiphrase)
Exagérations ou atténuations inattendues
Le registre épique

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Définition et fonctions :
Le registre épique est caractéristique de l’épopée, mais on le trouve également dans les romans, dans les textes de théâtre et dans les récits historiques (par exemple, le récit d’une bataille).
Ce registre cherche à provoquer l’admiration et l’enthousiasme du lecteur, en louant les exploits d’un ou plusieurs héros.

Procédés et caractéristiques :
Enchaînement d’actions
Emploi du pluriel et de termes collectifs
Procédés de l’amplification et de l’emphase : énumérations, accumulations, gradations, hyperboles, superlatifs, adverbes d’intensité
Phrases longues, verbes de mouvement
Métaphores et comparaisons, symboles, personnifications, anaphores
Référence aux éléments naturels
Champ lexical du combat
Peut faire appel au merveilleux
Les registres cités ne sont que des examples, vous êtes biensûr invité à en rajouter d'autre si vous en avez! ;)


Deuxième étape


Si vous avez participé à l'exercice numéro 1 : reprenez votre texte et changez-en le registre.
OU
Si vous n'avez pas participé à l'exercice numéro 1 ou que votre premier texte vous ennuie :
changez le registre d'une de ces scènes :

Phèdre (Racine) Acte V scène 7 ( Thésée,
Phèdre, Théramène,
Panope, Gardes)
Spoiler
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Thesée
Hé bien ! vous triomphez, et mon fils est sans vie.
Ah ! que j'ai lieu de craindre ! eu qu'un cruel soupçon,
L’excusant dans mon cœur, m'alarme avec raison !
Mais, Madame, il est mort, prenez votre victime :
Jouissez de sa perte, injuste ou légitime.
Je consens que mes yeux soient toujours abusés.
Je le crois criminel puisque vous l'accusez.
Son trépas à mes pleurs offre assez de lumières,
Qui ne pouvant le rendre à ma juste douleur,
Peut-être ne fraient qu'accroître mon malheur.
Laissez moi loin de vous et loin de ce rivage,
De mon fils déchirer fuir la sanglante image.
Confus, persécuté d'un mortel souvenir
De l'univers entier je voudrais me bannir.
Tout semble s'élever contre mon injustice.
L'éclat de mon même augmente mon supplice.
Moins connu des mortels, je me cacherais mieux
Je hais jusqu'au soin dont m'honore les dieux ;
Et je m'en vais pleurer leurs faveurs meurtrières
Sans plus les fatiguer d'inutiles prières.
Quoi qu'ils finissent pour moi, leur funeste bonté
Ne me saurait payer de ce qu'ils m'ont ôté.


Phèdre
Non, Thésée, il faut rompre un injuste silence :
Il faut à votre fils rendre son innocence.
Il n'était point coupable.

Thésée
Ah! père infortuné !

Et c'est sur votre foi que je l'ai condamné !
Cruelle pensez-vous être assez excusée...

Phèdre
Les moments me sont chers, écoutez-moi Thésée.
C'est moi qui sur ce fils chaste et respectueux
Osai jeter un œil profane, incestueux.
Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste ;
La détestable Œnope a conduit tout le reste.
Elle a craint qu'Hippolyte, instruit de ma fureur,
Ne découvrit un feu qui lui faisait horreur.
La perfide, abusant de ma faiblesse extrême,
S'est hâtée à vos yeux de l'accuser lui-même.
Elle s'en est punie, et fuyant mon courroux,
A cherché dans les flots un supplice trop doux.
Le fer aurait déjà tranché ma destiné ;
Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée.
J'ai voulu, devant vous exposant mon remords,
Par un chemin plus lent descendre chez les morts.
J'ai pris, j'ai fait couler dans mes brûlantes veines
Un poison que Médée apporta d'Athènes.
Déjà jusqu'à mon cœur le venin parvenu
Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu ;
Déjà je ne vois plus qu'à travers un nuage
Et le ciel et l'époux que ma présence outrage ;
Et la mort à mes yeux dérobant la clarté,
Rend au jour, qu'ils soillaient, toute sa preté.

Panope
Elle expire, Seigneur !

Thésée
D'une action si noire

Que ne peut avec elle expirer la mémoire !
Allons de mon erreur, hélas ! trop éclaircis,
Mêler nos pleurs au sang de mon malheureux fils.
Allons de ce cher fils embrasser ce qui reste,
Expier la fureur d'un vœu que je déteste.
Rendons lui les honneurs qu'il a trop mérité ;
Et pour mieux apaiser ses mânes irrités,
Que malgré les complots d'une injuste famille
Son amante aujourd'hui me tienne lieu de fille.
Les palmes de M. Schultz
Scene 7
Spoiler
Show
DE CLAUSAT : Et à quoi d’autre est-ce qu’on s’occupe dans ce laboratoire ? Ça par exemple, qu’est-ce que c’est ?
Il soulève de sa canne le chiffon cachant la bonbonne de vodka.
PIERRE : Ceci, oh ! mais ça n’a rien n’avoir avec nos travaux M. le recteur. Il se trouve que j’ai des colibacilles et que cette eau thermale provient de la source de la Preste dans les Pyrénées. J’en bois deux grands verres tous les matins.
DE CLAUSAT : Pourquoi au laboratoire ? Pourquoi pas chez vous ?
PIERRE : Mmmais parce que c’est très précis. Je dois boire mes deux verres à neuf heures tapantes. Sinon ce n’est pas efficace, paraît-il.
DE CLAUSAT : Ah ! en ce cas. Il est vrai que l’organisme a de ces mystères ! (Il désigne le goulasch) Et ceci
PIERRE : Ceci ? Euh… Etes vous chimiste de formation M. le recteur ?
DE CLAUSAT : Non, moi ma branche c’est l’astronomie. Mais je pense pouvoir comprendre à peu prés tout dans les grandes lignes.
PIERRE : Eh bien, voyez-vous, ceci est du … Il s’agit de ragousulfite de polinorata. Cultivé de manière anaérobique.
DE CLAUSAT : Quelle application ?
PIERRE : Eh bien… Pouvoir produire… artificiellement un aliment chimique… destiné au bétail.
DE CLAUSAT : Voilà quelque chose d’intéressant.
La pendule sonne neuf heures.
DE CLAUSAT : Neuf heures ? Déjà ? Eh bien, mais c’est l’heure de votre eau minérale.
PIERRE : Oui merci. Et donc, comme je vous le disais à propos de mon quartz…
DE CLAUSAT : Non mais soignez-vous mon ami. La faculté vous a dit à neuf heures précises, buvez votre eau.
PIERRE : (sourire gêné) Ce n’est pas à quelques minutes près quand même.
DE CLAUSAT : (paternel) Buvez votre eau ! C’est un ordre. Je m’en voudrais d’augmenter vos colibacilles.
PIERRE : Et bien… soit !
Il se verse à regret un verre plein de vodka. Il hésite, commence à boire, manque s’étouffer, tousse…
DE CLAUSAT : C’est mauvais ?
PIERRE : (voix altérée) Hhhhurh ! hhuhhurh. C’est-à-dire, il faut être habitué !!
DE CLAUSAT : Ces eaux thermales… Il en est des rudes. Allez courage ! (Pierre vide son verre, il se croit quitte mais…) Allez, le deuxième et vous en aurez fini.
Pierre ne peut se dérober. Il boit d’un trait un deuxième verre plein à ras bord de vodka. Tête de Marie !
L'Enfant maudit
Acte III scène 21
Résidence St Oswald pour sorciers âgés, dans la chambre de Delphi
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Show
]Harry, Hermione, Ron, Drago et Ginny regardent autour d'eux dans une pièce simple aux murs recouverts de lambris en chêne.

HARRY
Elle a dû jeter un sortilège de Confusion. Elle l'a jeté à tout le monde. Elle a fait semblant d'être un infirmière, elle a fait semblant d'être sa nièce.

HERMIONE
J'ai vérifié au ministère, mais il n'y a aucun dossier sur elle. C'est une ombre.

DRAGO
Specialis Revelio !

Tout le monde regarde Drago.

DRAGO
ça valait la peine d'essayer, qu'est ce que vous attendez ? Noue ne savons rien, nous pouvons simplement espérer que la pièce nous révèle un secret.

GINNY
Où aurait-elle pu dissimuler quoi que ce soit? C'est une chambre spartiate.

RON
Ces panneaux de bois, ils doivent sûrement cacher quelque chose.

DRAGO
Ou le lit.

Drago entreprend d'examiner le lit, Ginny regarde une lampe, les autres s'intéressent aux lambris.

RON (il crie en tapant à grands coups sur les murs)
Qu'est-ce que vous cachez ? Qu'est-ce qu'il y a là dedans ?

HERMIONE
Peut-être qu'on devrait tous s'arrêter un peur et réfléchir à...
Ginny dévisse le verre d'une lampe à huile. On entend une bruit de respiration. Puis des mots prononcés d'une voix sifflante. Tous le monde se tourne vers l'objet.
Qu'est-ce que c'était ?

HARRY
C'est - je ne suis pas censé comprendre - C'est du Fourchelang.

HERMIONE
Et qu'est ce que ça disait ?

HARRY
Comment pourrai-je...? Je n'ai plus été capable de comprendre le Fourchelang depuis la mort de Voldemort.

HERMIONE
Et ta cicatrice ne t'a plus fait mal.

Harry regarde Hermione.

HARRY
ça disait : "Bienvenue à l'Augurey." Je pense qu'il faut que je lui demande de s'ouvrir...

Drago
Alors, fais-le.

Harry ferme les yeux. Il parle en Fourchelang et la pièce se transforme autour d'eux, elle devient plus sombre, plus déprimante. Une masse grouillante de serpents peint apparaît sur les murs. Et des mots écrits dans une peinture fluorescente se dessinent, une prophétie.

DRAGO
Qu'est-ce que c'est que ça ?

RON
"Lorsque les autres seront épargnés, lorsque le temps sera retourné, lorsque les enfants invisibles assassineront leurs pères :alors le Seigneur des Ténèbres reviendra."

GINNY
Une prophétie. Une nouvelle prophétie.

HERMIONE
Cedric - C'était Cedric qu'on appelait "l'autre"

RON
Lorsque le temps sera retourné - C'est elle qui a ce Retourneur de Temps, non ?

Ils ont le visages grave


HERMIONE
Elle l'a sûrement.

RON
Mais pourquoi aurait-elle besoin de Scorpius ou d'Albus ?

HARRY
Parce que je suis un parent - qui n'a pas vu son fils. Qui n'a pas compris son enfant.

DRAGO
Qui est-elle donc ? Pour être tellement obsédée par tout ça ?

GINNY
Je crois que j'ai la réponse à cette question.

Les autres se tournent vers elle. Elle pointe son doigt en l'air... Leur visage à tous s'assombrit d'avantage et se remplit de frayeur.
Des mots sont apparus sur les murs blanc du théâtre - des mots menaçants, des mots horribles.


GINNY
"Je ferai renaître les Ténèbres. Je ramènerai mon père."

RON
Non elle ne peut pas être...

HERMIONE
Comment serait-ce même - possible ?

DRAGO
Voldemort a eu une fille ?

Ils lèvent les yeux, terrifiés. Ginny prend la mains de Harry.

HARRY
Non, non, non. Pas ça. Tout mais pas ça.

Le noir se fait sur scène.

Envoyez vos exercices par MP à un des membres de l'équipe, et nous les posteront, anonymisés, à la fin du temps imparti :clavier:

Bon courage !
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anhya
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Re: Atelier Long Numéro 1 : Le Théâtre

Message par anhya » 06 oct. 2019 - 12:55

Des idées ou des questions sur l'étape 2?
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