
Shh… un texte d’Antasy
Je suis musicienne avant tout, avant d’être lectrice, avant d’être auteur. Cette critique de Shh… d’Antasy en est la preuve.
La musique sait
La musique apporte quelque chose qu’en général la lecture ne réussit pas à donner. La musique sait m’envahir, me faire rêver, me transmettre une infinité d’émotions que je ne ressens presque jamais avec la lecture. Rythme, mélodie, instruments, variations, voix… Tous ces éléments font de la musique une chose complexe, très difficile à communiquer sur le papier. J’aime ceux qui s’y frottent. J’aime essayer de trouver la mélodie cachée dans un livre. Ca s’entend parfois chez moi. Les textes que j’adore, j’en lis des extraits à haute voix.
Dans Shh…, texte classé en poésie contemporaine, la musique prend une place primordiale. Par un répétitif « Poum, tac, poum-poum tac. Shh… », Antasy tente de partager sa vision très personnelle de la rythmique cardiaque et de nous montrer son influence sur la vie de son personnage. Et surtout, elle tente de faire entendre au lecteur ce rythme envoûtant.
Poum, tac, poum-poum tac. Shh…
Très vite, Antasy pose les bases de son texte : poésie rythmée et pourtant irrégulière, Shh… s’enchaîne au gré des battements du cœur de l’héroïne. Le texte traverse alors deux phases distinctes : explication du rythme puis explication des sentiments générés chez la jeune fille décrite.

Poum, tac, poum-poum tac. Shh… Ce rythme, à la fois irrégulier et répétitif, m’a personnellement directement propulsée dans le texte. Antasy réussit à saccader ses premiers paragraphes d’une façon tout à fait accrocheuse. Par ce rythme, elle nous montre que chaque jour se répète, qu’on fait chaque fois les mêmes gestes, qu’on refait chaque fois les mêmes erreurs… Quand on y réfléchit bien, c’est assez troublant, personnel et impliquant. Je ne pouvais pas ne pas me mettre à la place du personnage.
Une héroïne sans nom
Puis démarre un méli-mélo de sentiments assez intenses, qui nous donnent une image assez complète et surtout assez triste du personnage. L’héroïne, qui n’a décidément pas de nom, est déchirée entre cette vie discrète et silencieuse qu’elle ne supporte pas et qu’elle désire en même temps, ses angoisses perpétuelles, ce rythme incessant dans son corps qu’elle déteste de plus en plus, ses crises d’énervement et de méchanceté pour un tout et un rien… Ce rythme nous dévoile à quel point elle se sent mal. Dans sa peau, dans sa tête… Dans ce cœur qui bat sans cesse.
Et tout recommence, tout le temps. Elle se perd dans cette routine qu’elle hait tellement, dans ce rythme et dans cette vie trop figés. Et ça la tue.
Elle est bien angoissée.
Elle sursaute quand on l’appelle.
Quand on ne l’appelle pas.
Quand on ne fait rien et qu’on la regarde.
Elle a peur d’un rien.
Globalement, Antasy nous a donné un très beau texte. Beaucoup d’émotions, très fortes et très directes… Cependant, autant j’ai adoré certaines phrases, autant j’étais un peu gênée par certains passages, qui sortaient de nulle part. J’avais l’impression qu’Antasy s’était laissée emporter dans sa lancée sans bien juger de l’impact des phrases en question, qui m’ont plutôt coupée dans mon élan.
A part ces quelques passages, je suis vraiment impressionnée par la poésie qui se dégage de ce texte. C’est poignant, prenant, et vraiment fort. L’intérêt de la poésie est ici de pouvoir vraiment jouer avec les mots pour dégager une réelle rythmique musicale, chose plutôt bien réussie ici.
Pour la musicienne que je suis, c’était vraiment un régal.
Et vous, avez-vous lu ce texte ? Qu’en avez-vous pensé ?
Si vous ne l’avez pas encore lu, venez le découvrir sur le Héron.


2 commentaires
Laura
Merci pour la découverte ! Je viens de le lire et en effet… Un régal !
LaLouisaBlack
Je suis contente d’avoir pu te faire découvrir ce texte alors !