
NaNo 2016 : Les nuits blanches créatives à Paris
Le Nano, ce n’est pas seulement cinquante mille mots écrits à toute vitesse dans la solitude et le désespoir de son appartement. Ce sont aussi des événements durant lesquels les écrivains en herbe se retrouvent pour écrire ensemble, échanger leurs expériences et parler de leur projets. Deux HPFiennes, Eejil9 et Deanna, nous racontent les Nuits blanches.

Deux nanoteuses de choc
Eejil9, premier « roman » écrit à l’âge de douze ans, il faisait quinze pages en police 18, et pourtant, accomplissait l’exploit d’être ennuyeux à mourir. Depuis, j’ai à peu près continué sur ma lancée. J’ai eu vent du NaNo par le biais du forum HPF et j’ai participé cet été au camp NaNo. Ça m’a donc donné envie de retenter l’expérience.
Deanna, pseudo tiré de ma première nouvelle. J’écris depuis toute petite, mais j’ai, pendant une assez longue période, délaissé ma plume, persuadée d’avoir perdu cette petite étincelle qui l’animait. Plus jeune, quand je soufflais sur un pissenlit, c’était pour le vœu de pouvoir, un jour, publier un roman. J’ai recommencé l’écriture il y a environ deux ans et je me suis inscrite au NaNo la veille du lancement.

La kick-off et les nuits blanches d’écriture : comment ça se passe ?
Les nanoteurs français, que vous pouvez retrouver ici, organisent tout au long du nano, des événements auxquels peuvent s’inscrire tous les participants intéressés. En plus des write-in (réunions consacrées à l’écriture) improvisées dans des cafés ou des espaces de partage, il est possible de participer à des nuits blanches d’écriture officielles, en premier lieu, lors de la kick-off, puis chaque week-end jusqu’à la fin du mois de novembre.
Kick-Off, c’est le nom donné à la soirée de lancement. Elle a eu lieu cette année à Tournan, en Seine-et-Marne. Comme c’était la nuit d’Halloween, certains participants sont venus déguisés. La principale différence entre la Kick-Off et les autres veillées est l’heure de lancement : un décompte est lancé et, à minuit, les claviers démarrent en trombe pour une heure non-stop.
Les nuits blanches se déroulent durant les week-ends (le vendredi soir, pour pouvoir récupérer sur le weekend), de 20h à 6h, à La Cordée, près de la Gare de Lyon à Paris. C’est un espace de coworking à l’atmosphère cosy, idéal pour un tel événement : il y a plusieurs salles, ce qui permet de séparer ceux qui souhaitent écrire dans le calme de ceux qui préfèrent discuter, ou même dormir. Chacun est invité à apporter des victuailles à partager tout au long de la nuit.
La nuit est rythmée par des Word Wars (WW) d’une demi-heure, entre lesquelles s’intercalent des pauses, qui durent en général trente minutes, la “grande pause” mise à part. Cette grande pause d’une heure permet aux participants d’apprendre à se connaître autour d’un jeu de société.
L’intérêt de ce programme réside dans le fait que rien n’est jamais obligatoire : certains participants écrivent en continu, sans prendre garde au début et à la fin des WW. Il est possible de sauter une pause, ou de sauter une WW, pour aller manger, discuter ou dormir. On peut même arriver en retard et/ou partir en avance. En bref, on fait comme on veut !
Eejil : J’ai essayé de suivre un maximum le rythme WW/pauses, même si ça devient de plus en plus dur au fil de la nuit : plus on fatigue, plus on écrit doucement, et plus on déborde sur la pause. Mais d’un autre côté, une fois qu’on prend la pause, on n’a plus vraiment le courage d’y retourner… Heureusement que les organisatrices et les autres participants étaient là pour m’aider à me motiver ! La Cordée est un endroit très agréable, disposant, ô merveille, d’une bouilloire, qui m’a permis de carburer au thé et à la tisane jusqu’à 5h du matin (eh oui, je fais partie des lâcheurs qui sont partis en avance).

Et l’ambiance, alors ?
Lorsque qu’on débarque, on a l’impression que tout le monde se connaît. Mais en vérité, la plupart des écrivains présents viennent de se rencontrer ! On peut avoir du mal à vaincre sa timidité, mais on se rend vite compte qu’on a tous un sujet commun, on est ici pour écrire. « Et toi, tu écris sur quoi ? », a été la phrase qui a alimenté les conversations tout au long de la soirée.
L’ambiance est très amicale : personne n’est au-dessus des autres, qu’on écrive toute la nuit ou qu’on enchaîne les pauses, qu’on en soit au premier NaNo ou au dixième… On est tous sur le même bateau, et on adore ça.
Pour ceux qui réussissent à suivre le rythme WW/pauses (parce que, avouons-le, s’arrêter en pleine inspiration lorsque Martin est sur le point d’embrasser Gina, c’est frustrant) des jeux sont organisés. À la Kick-Off, c’était un bingo (chaque participant avait une anecdote relative à ses écrits affichée sur un tableau et il fallait retrouver leur propriétaire) et, à la première veillée, un questionnaire de culture littéraire.
Et quel plaisir, lorsqu’on commence à parler Harry Potter, d’entendre de l’autre bout de la salle « Moi aussi je suis à Poufsouffle ! » À la première veillée, les Potterheads étaient nombreux et chaque maison était représentée.
Deanna : Il a fallu que je me motive à aller à la Kick-Off, je pensais passer la première nuit sur le tchat à écrire. Au final, j’ai enfilé ma robe noire, ma cape et mon rouge à lèvre (oui, j’étais une sorcière à deux sous) et j’y suis allée. Puis, je me suis inscrite à la première veillée, puis à la deuxième, j’ai rencontré des personnes superbes (« À quoi tu ressembles ? Pull et jean bleus ? Moi c’est cheveux courts et vernis rouge ! Attends, je te vois ! »), que d’ailleurs je vois en dehors des nuit blanches pour certains.
Eejil : Je n’ai pas participé à la Kick-off et je dois avouer qu’arriver à la nuit blanche était très intimidant. La plupart des gens semblent se connaître, de la Kick-off ou de NaNo précédents, et je devais y retrouver Deanna alors que je ne l’avais jamais vue ! Pire encore, je n’avais jamais rencontré d’ HPFien-ne-s tout court. Et finalement, j’ai trouvé Deanna, j’ai discuté avec des gens et je me suis rendu compte qu’on avait tous des choses à échanger. C’était vraiment une super expérience.

Pour l’écriture, ça donne quoi ?
Evidemment, une WW, ça fait grimper le compteur, que ce soit sur internet ou lors d’une nuit blanche. Leur intérêt principal est d’écrire beaucoup et très rapidement, de se débloquer d’un passage difficile et parfois même d’avoir des idées intéressantes. À la fin de la nuit, on se retrouve avec plusieurs jours d’avance sur le planning, et ça fait du bien.
Et puis, entre deux WW, il est agréable de se retrouver avec son thé à discuter avec les autres participants de son nombre de mots et des idées qui sont sorties pendant la dernière session.
Deanna : Au départ, j’avais du mal avec les WW. Ecrire sans se soucier de la tournure des phrases, de la conjugaison des mots, et même sans se soucier de l’impact qu’aura telle idée sur la suite du récit a été une vraie épreuve pour la perfectionniste que je suis. Et puis, en relisant le texte le lendemain, je me suis rendu compte que les idées qui en étaient sorties n’étaient pas si mal. Maintenant, j’y participe avec plaisir.
Personnellement, les nuit blanches me boostent sur plusieurs jours, pendant lesquels mon écriture profite de cette lancée. Mais, je dois l’avouer, l’inspiration retombe au bout de quelques temps et penser au nouveau boost que sera la prochaine nuit me rassure.
Eejil : J’ai toujours aimé le concept de la WW (on ne demande à personne de négliger la conjugaison, quelle horreur !) L’idée, ce serait plutôt d’écrire vite, sans s’arrêter et donc sans laisser place aux pensées parasites. En bref, sans faire autre chose en même temps : parce que franchement, trente minutes où on ne fait qu’écrire, ça n’arrive pas souvent. L’intérêt de la nuit blanche, c’est aussi de passer toute une nuit à écrire, l’ambiance nous motive et nous pousse au-delà de nos limites habituelles. Et le samedi, après avoir dormi quelques heures… Je me suis remise à écrire, preuve que ça ne pompe pas du tout l’inspiration !
En bref…
Lorsqu’on n’habite pas trop loin de Paris, c’est un événement à tester au moins une fois pendant le NaNo. Vous n’en tirerez que du positif. Le pire qui puisse vous arriver, ce n’est pas de manquer d’inspiration (puisque tout le monde est là pour vous motiver), mais bien de s’endormir au milieu d’une phrase ! Et vu le confort de certains fauteuils, je tire mon chapeau à ceux qui y étaient installés toute la nuit sans faillir.
Il reste une nuit blanche, le vendredi 25 novembre, pour finir le nano en beauté ! L’inscription est obligatoire, il faut se munir de 6€90 (pour la location de la salle), et remplir ce formulaire.
D’autres événements de ce type sont organisés dans les grandes villes françaises, vous pouvez vous renseigner sur les différents forums régionaux du NaNoWriMo.

