Être ou ne pas être un drabble
Il était une fois (en 2008), je voyais des drabbles pousser un peu partout comme des pâquerettes au printemps. N’en ayant jamais écrit moi-même, et me demandant un peu si je passais à côté de quelque chose, je me suis lancé le défi d’en écrire cinq. Il ne m’a pas fallu plus longtemps pour tomber amoureuse de cette formule, et me voilà aujourd’hui auteure de 138 drabbles… et de cet article, où je vous fais partager mon intérêt pour la lecture et l’écriture de cette forme de texte bien spéciale.
L’histoire
On dit que les tout premiers drabbles ont été écrits en Angleterre dans les années 1980. Le mot « drabble », ainsi que le concept associé, sont tirés du Big Red Book de Monty Python, dans lequel un Drabble est un concours d’écriture : le premier participant à écrire un roman est le vainqueur.
Bien que le drabble soit mesuré par son format et non pas par son contenu, il reste néanmoins beaucoup plus populaire en science-fiction et en fanfiction que dans tout autre genre. On en voit d’ailleurs énormément sur Harry Potter Fanfiction, soit des drabbles seuls, soit des recueils de drabbles.
Le débat
Les auteurs qui ont baptisé le concept du drabble ont décidé que, pour rendre d’idée d’un tel concours réalisable, 100 mots seraient suffisants. Depuis, le débat est toujours actif chez les drabbleurs : les puristes (dont je fais partie) croient qu’un drabble doit faire exactement 100 mots, pas un de plus, pas un de moins ; d’autres au contraire disent qu’un drabble est simplement une courte histoire, faisant entre 100 et 500 mots.
Même les pages Wikipédia ne s’entendent pas entre elles ! En anglais :
A drabble is a short work of fiction of around one hundred words in length.
Un drabble est une courte œuvre de fiction d’environ cent mots.
Et en français :
Le Drabble est un travail extrêmement court de fiction littéraire contenant exactement cent mots.
Quelle que soit la définition que vous adoptez, c’est la définition de base qu’il ne faut pas oublier : un drabble est un roman, une histoire complète. Que vous écriviez les vôtres en 100, 275 ou 450 mots mots ne regarde que vous ; tant que votre texte raconte une histoire qui tient toute seule, il est considéré comme drabble. C’est à vous de décider si vous ajoutez au défi d’écrire un roman très court une contrainte de mots.
L’écriture
Dans ce paragraphe, j’adopte le point de vue « puriste », un drabble = 100 mots.
Écrire un drabble est facile : il s’agit de savoir compter.
Écrire un bon drabble, par contre, c’est un peu plus complexe. Souvenez-vous de la définition de base d’un drabble : un roman complet, en 100 mots. Donc, un début, un milieu et une fin. Croyez-moi, c’est parfois plus compliqué que ça en a l’air.
En très peu de mots, il faut réussir à faire ressentir quelque chose au lecteur, à le faire rire, pleurer, se poser des questions, deviner quelque chose qu’on a caché dans le texte, le surprendre, l’intriguer, lui donner envie de lire le prochain drabble s’il s’agit d’un recueil. Il y a des auteurs qui adorent les drabbles, d’autres qui voudraient bien mais n’y arrivent pas, et d’autres encore qui n’en voient pas l’intérêt. C’est normal, le drabble est un genre, une technique, comme d’autres.
En tant que grande écrivaine et lectrice de drabbles depuis plusieurs années, je me permets de vous donner quelques conseils :
– N’ayez pas peur de tout effacer et de recommencer à zéro. Je vous dis pas le nombre de fois où j’arrêtais pour compter mes mots, j’en avais 120, et je n’étais qu’aux trois-quarts de l’histoire ! Dans ces cas-là, il est souvent plus profitable de repartir à zéro que de finir et de couper 30, 40 mots – ce qui se sent à la lecture. Reprenez le drabble, tout de suite ou un peu plus tard, racontez la même histoire mais autrement, en essayant cette fois de limiter vos mots, d’éliminer toute tangente sur laquelle vous pourriez être parti lors de votre premier jet. Le résultat sera plus lisible ainsi, on ne verra pas les couture des endroits où vous auriez coupé.
– Ne vous sentez pas obligé de commencer par le début. Une des choses que les lecteurs apprécient dans les drabbles – comme je l’ai constaté en en lisant moi-même ainsi qu’en recevant des reviews sur les miens – est une fin habile, une bonne chute, qu’elle soit drôle, triste ou surprenante, peu importe. Comme vous n’avez pas le loisir d’écrire autant que vous le voulez (comme dans un OS par exemple, où une bonne chute peut venir après 500, 1 000 ou 4 500 mots), il peut parfois être une bonne idée d’écrire cette chute en premier, puis d’écrire le début avec les mots qu’il vous reste.
– Aérez vos drabbles. Certes, un drabble est court, mais cela ne veut pas dire qu’il doit tenir en un paragraphe. Il peut contenir des dialogues, des retours à la ligne, des mots seuls sur une ligne. Vos lecteurs apprécieront un drabble aéré, il donnera l’impression de contenir plus de texte avec le même nombre de mots.
Si vous avez des choses à dire sur ces conseils, ou des avis à donner vous-mêmes sur l’écriture de drabbles, n’hésitez pas à laisser un commentaire !
La lecture
Comme je l’ai mentionné plus haut, les drabbles sont très présents sur HPFanfiction. Ils ont d’ailleurs été les vedettes de plusieurs Sélections du mois et concours, ces dernières années.
D’abord, en août 2012, les Drabbles seuls étaient mis à l’honneur. Le sublime Suppliciée de Kriss, ainsi que Ain’t no sunshine when she’s gone d’emiwyn, ont été sélectionnés.
Puis, en mai 2013, ç’a été au tour des Recueils de drabbles de prendre la place sous le feu des projecteurs. Joyeux Noël : Méfait accompli ! d’Eliah (un recueil de 72 drabbles), Esprit farceurs, esprit frappeur d’Ellie (50 drabbles) et Les Noëls de Percy de Norya (10 drabbles) remportent les honneurs.
En 2014, pour fêter les 7 ans depuis la sortie du dernier tome de Harry Potter, Eliah a organisé le concours de drabbles Retour aux sources, dans lequel il fallait choisir un thème global et écrire sept drabbles sur des personnages dont les lecteurs devraient deviner l’identité. Ce concours a amené énormément de participations, et les thèmes étaient aussi variés qu’originaux : les trahisons, les sortilèges, le Quidditch ; Neville Londubat, Minerva McGonagall, Remus Lupin ; les objets sorciers, les portes, le quai 9 ¾.
Si vous avez d’autres suggestions de drabbles, faites-les en commentaire !
Sinon, bonne lecture ou écriture de cette petite bête étrange qu’est le drabble ! J’espère qu’elle vous plaira autant qu’à moi.
2 commentaires
Popobo
Je me reconnais assez dans cet article 🙂 Par curiosité j’ai compté combien de drabble j’avais écrits (en fanfic HP) et j’arrive étonnamment à 47 en 5 recueils! Je fais aussi partie des puriste avec 100 mots exactement c’est toute la difficulté et la beauté du drabble selon moi. Et sinon je suis d’accord avec l’effet chute du drabble qui est vraiment l’élément important je trouve aussi.
flodalys
Hum, je pense que j’en ai écrit une tripotée, mon premier recueil (première publication d’ailleurs) c’était du à peut-près 100 mots, je voulais les compter à la main et arrivée à la publication j’avais pas assez de mots.
Puis j’ai trouvé le compteur de Word, et depuis je suis une « puriste ».
Si je compte tous mes drabbles publiés (dont 2 uniquement sur le forum qui iront rejoindre les autres), en attente de publications j’arrive à 139 drabbles ou en court de modé, dont mes 5 premiers drabbles originaux. J’en ai d’autres qui dorment pour l’instant sur mon ordi.
J’aime bien écrire des drabbles, comme tu dis parfois même si j’ai le nombre de mots je recommence à zéro parce que la tournure ne me plais pas. Il m’est arrivé d’avoir jusqu’à 3 drabbles différents pour trouver la meilleure tournure. J’ai sans doute encore des progrès à faire en terme de drabbles, notamment en terme de « chute » ou de pirouette finale, mais c’est un format qui me plais tant en lectrice qu’en écrivaillonne. D’ailleurs la « chute » c’est ce qui m’a donné le plus de mal pour les drables en original.