Allunia, Tiphs – Vous reprendrez bien un peu de bovarysme ?


Pour la reprise des Chroniques pour et par HPF, nous vous présentons Allunia, roman de Tiphs.

Le bovarysme, quésako ?

Bovarysme, nom masculin (du nom de l’héroïne du roman de Flaubert, Madame Bovary) : Comportement qui consiste à fuir dans le rêve l’insatisfaction éprouvée dans la vie.
Petit Larousse.

Illustration du droit au bovarysme : un enfant et une femme se reconnaissent tous les deux dans un livre



6 – Le droit au bovarysme.
Daniel Pennac, Comme un roman, Les dix droits du lecteur.

J’ai longtemps été une grande adepte du bovarysme.
Eh oui, on a toustes nos défauts, et je pense que le bovarysme en est un que nous partageons presque toustes ici. C’est sans doute pour cela que j’ai mis tant de temps à apprécier le roman de Flaubert. Comment ?! Ironiser sur ma raison d’être ?! Enfin, Gustave…
J’ai longtemps été une grande adepte du bovarysme, pas au sens psychiatrique proposé par ce cher Larousse, mais au sens purement littéraire : j’ai rêvé d’être un personnage de roman au point d’être un peu dégoûtée de la réalité.

Vous devez être en train de vous dire que je perds les pédales et que j’étais censée parler du roman de Tiphs, mais promis, j’y viens.

Je bovarysais sec, donc. Et puis j’ai grandi, et j’ai commencé à apprécier autre chose dans mes lectures, et à cesser de chercher à tout prix à vivre des aventures par procuration. Pire que ça, je me le suis interdit. Je me suis dit : écoute Eejil, tu fais des études de lettres, ça suffit ces conneries. Je me suis dit (pourtant, en général, c’est plutôt un bon conseil) : que dirait Flaubert ?
Et puis j’ai grandi encore, et j’ai remarqué que, quand même, c’était bien triste, et que j’avais sacrément le droit au bovarysme, non mais ! Sauf que voilà, c’est beaucoup plus dur de bovaryser ses lectures quand on est adulte, qu’on apprécie des choses un peu plus matures, qu’on relit des romans jeunesse par nostalgie, et qu’on a moins de temps pour rêvasser.

Allunia, par Tiphs

Et c’est là qu’Allunia débarque, publié aux Éditions Plume Blanche, (vous voyez, je n’avais pas perdu le fil !).
Allunia, ça a été plein de choses, mais surtout, ça a été ma petite cure de bovarysme estivale, et je me sens comme quand, à 13 ans, je marchais comme une marchombre dans les couloirs quand personne ne regardait. Oui oui ! Je vous explique pourquoi !

Couverture d'Allunia


1- Déjà, c’est un roman qui, pour moi, a le public cible parfait : on appelle ça Young Adult, mais on peut dire quand on est rouillé de l’anglicisme que c’est un roman jeunesse, ce que de mon temps on classait dans le rayon « 12 ans et plus » chez le libraire. C’est le genre parfait parce que ça a un petit quelque chose d’universel : si on est un peu dégourdi, on peut le lire enfant, et si on a une âme d’enfant, on peut le lire bien plus tard et donc, ça touche tout le monde. Je suis de celleux qui pensent que la littérature doit toucher tout le monde, et que si ça ne touche que les vieux snobs, eh bah c’est raté.

2- Ensuite, Allunia respecte à la perfection une règle énoncée par une autrice que j’affectionne particulièrement, Danielle Martinigol, et qui fonctionne presque à tous les coups : la règle des 3A – Aventure, amour, ailleurs. Aventure : une rébellion et de la baston, contre des méchants extrémistes religieux. Amour : je ne vais pas spoiler, mais mon cœur d’artichaut a FONDU. Ailleurs : Allunia bien sûr ! Un univers bien construit un peu fantasy, pas mal steampunk, avec de la magie (ou presque) et des technologies avancées. Un cocktail explosif.

3- L’intrigue est une autoroute à bovarysme : revivre dans un univers de fantasy après sa mort dans notre monde ? mais on signe où ?! Je vais pas vous raconter les fanfics à self-insert que j’ai inventées dans ma tête ces derniers jours parce que j’ai sacrément honte, mais je vous assure que ça a carburé dans ma cervelle !

4- Ce roman m’a tout bonnement empêchée de dormir la nuit parce que je voulais continuer à lire, et ça faisait sacrément longtemps que ça n’était pas arrivé.

Alors certes, ce roman peut avoir quelques petits défauts. Clairement, les âmes sœurs, c’est sexy et tout, surtout avec des pectoraux et des abdos picturalement décrits, mais je suis trop vieille pour que ça ne me fasse pas flipper, cœur d’artichaut ou pas. Ensuite, un des plot twists concernant l’héroïne, ce fameux sursaut final impliquant des filaments, dans la crypte (je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler), m’a semblé un peu too much. Et enfin, et ça, c’est une déformation bénévole de correctrice, je trouve qu’il reste pas mal de petits soucis au niveau de la correction (didispersé, conversé au lieu de conservé, presque une, entre autres…). Et ça, c’est rudement dommage parce que c’est un roman qui mérite d’être nickel chrome et taillé au poil.
Cela dit, j’énumère des défauts mais je n’ai qu’une hâte : acheter le tome 2. Cela montre à quel point je me fiche sérieusement des défauts. Pire que ça : je suis bovaryquement accro.

Donc, en conclusion, deux petits mots. À Tiphs : Merci ! aux HPFiens : foncez !

Note de la rédaction : Tiphs est aussi l'illustratrice de Poussières de temps, anthologie HPF. 

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