Pansy regardait ses ongles avec scepticisme. Qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Elle détestait Blaise. Non, pire que ça, elle le haïssait de tout son être. Elle rêvait à l’heure actuelle de le voir se tordre dans d’atroces souffrances. Oh oui ! Dès que ce fichu match d’elle-ne-savait pas trop quoi au juste serait fini, il allait en prendre pour son matricule !
Déjà que de devoir garder son neveu Nick Parkinson, était une torture quotidienne mais si en plus Zabini y mettait son grain de sel pour la forcer à emmener ce sale mioche voir un match de handball ? Elle n’était pas tellement sûre… Alors là, la vie entière devenait une véritable torture. 90 minutes de supplice infernal, 90 minutes pour songer à la vengeance terrible qu’elle allait préparer pour Blaise.
“Mais tu verras, avait-il ajouté avant de s’éclipser, le premier rang, c’est de la bombe”. Nan mais de la bombe ! Et puis quoi encore ... Elle en était encore à se demander pourquoi elle n’avait pas quitté le stade en envoyant Zabini au tapis et à grand renfort de coups de pieds aux fesses de Nick pour lui apprendre la vie à celui-là, tiens ! En fait, si elle savait pourquoi elle ne l’avait pas fait … Ce sale mioche se serait empressé d’aller tout raconter à sa mère. Vil délateur. Donc elle avait cédé devant les grands yeux tristes de Nick (ça, sa mère lui avait appris à jouer la comédie avec panache !) et accepté de perdre 90 minutes de son précieux temps pour faire plaisir à Nick. Les gamins, songeait-elle avec désespoir.
Et c’est la raison pour laquelle Pansy était assise depuis plus de quarante minutes à maudire les Zabini sur quarante générations. Nick, lui, semblait passionné par le match. Il était excité comme une puce, trépignant sur ses deux pieds, prêt à bondir pour huer l’une des deux équipes. Mais qui lui avait appris la vie à ce gamin ? Qui lui avait appris qu’il faut être mesuré dans son apparence extérieure ? La soeur de Pansy avait vraiment fait un travail merdique avec ce gosse.
Voilà donc plus de quarante minutes que la balle passait d’un bout à l’autre du terrain sans que personne ne veuille bien lui fiche la paix. L’une des équipes étaient vêtue de maillots violets et ors et l’autre de maillots bleus et argents. Les premiers s’appelaient apparemment les Canons de Chudley (un nom franchement ridicule selon Pansy) et ils avaient lamentablement joué pendant toute la première mi-temps. Ils perdaient constamment la balle, ils n’étaient pas fichu d’attaquer, mais pour cela sans doute aurait-il fallu qu’ils sachent garder la balle plus de trente secondes. Quand à leur défense, elle avait été catastrophique.
Et pourtant, c’est pour cette équipe que Nick, sans pudeur, hurlait des insanités dont Pansy aurait pu être fière si cette équipe, justement, gagnait. Mais apparemment, sa mère avait aussi oublié d’apprendre à Nick à miser sur le bon cheval. Pansy était déprimée. Outre le fait que la première moitié du match avait été inintéressante au possible puisque les Canons de Chudley avaient joué comme des manches à balai et donc qu’il n’y avait eu aucun suspens ni aucune action un tant soit peu prenante, Pansy avait découvert qu’au milieu du match, il y avait ce que Nick avait qualifié de “mi-temps”. Une mi-temps ! Pansy s’en serait étranglé de rage. Elle n’avait décidément pas que ça à faire et l’idée de perdre un temps fou pour que des joueurs mollassons se reposent lui donnait envie de s’arracher les cheveux. Si elle avait été entraîneur, elle n’aurait pas eu la moindre pitié pour ces piètres joueurs. Mais ce n’était pas son job et encore heureux !
Mais le pire était encore devant elle. Elle découvrit qu’il était commun de discuter du match qui s’était déroulé devant leurs yeux pendant la mi-temps. Elle dut donc écouter, sans patience, Nick lui décrire en long en large et en travers un match qu’elle venait de voir. Comme si le voir n’avait pas été une torture suffisante, Nick tenait absolument à lui raconter les moindres détails. Pansy avait donc décidé qu’elle ne l’écouterait pas parler puisque, de toutes façons, ce gamin racontait de la merde.
Quand, enfin le match, reprit, Pansy se demanda sincèrement pourquoi. Après tout, les Canons de truc-bidule avait perdu non ? S’encourageant mentalement, Pansy tenta de se convaincre qu’elle avait vu plus de la moitié de cette horrible chose que Nick appelait sport. C’était presque fini, encore un tout petit effort. Après ça, elle pourrait forcer son neveu à faire tout le ménage de son appartement et à préparer tous les repas pendant tout le temps de son séjour. Oui, songea Pansy, machiavélique, la vengeance serait douce.
La première partie de la deuxième mi-temps ressembla trait pour trait à la première. A ceci près, que les Canons paraissaient encore plus mauvais. Pourtant, les quelques dernières vingt minutes du match, ils semblèrent finalement se réveiller puisqu’ils réussirent quelques actions, que Pansy, même en n’y connaissant rien, jugea remarquables.
Quand enfin, la fin du match fut sifflée, Pansy hésita entre soupirer de soulagement, attraper Nick et quitter sur le champ le stade, ou philosopher sur la remontée époustouflante des Canons. Ils n’avaient pas gagné mais avaient plus que largement dominée toute la fin du match, perdant de ce fait avec un plus d’honneur la deuxième mi-temps que la première.
Nick à ses côtés semblait à la fois défait de la victoire des Harpies de Holyhead mais satisfait de voir que les Canons n’étaient pas aussi désastreux que tout le monde le croyait. Malgré le bref intérêt que Pansy avait trouvé à la fin du match, elle n’avait aucune envie de s’éterniser d’autant plus que Nick, comme à la première mi-temps, risquait fort de lui refaire un compte-rendu détaillé du match minute par minute. Et ça pour rien au monde, Pansy ne l’aurait voulu. Parce que même si regarder un match avait été moins terrible que ce qu’elle pensait, il ne fallait pas abuser non plus de sa … gentillesse ! Non mais !
En quittant les gradins, Pansy tomba nez à nez avec Hermione Granger. Celle-ci portait un maillot aux couleurs des Harpies de Holyhead et semblait rire avec un groupe d’amis à elle.
- Oh, bonjour Madame Parkinson, la salua Hermione aimablement, je ne savais pas que vous aimiez le sport.
A côté de Hermione, Harry Potter sembla lui aussi ravi du match.
- Les harpies ont été fantastiques, pas vrai, compléta-t-il.
Nick fusilla Harry du regard. Et Pansy soupira.
- Oui, mais elles se sont quand même pris une belle dérouillée sur la fin, surenchérit Pansy, pour défendre Nick qui semblait au bord du gouffre.
Ne voyant pas ce qu’elle essayait de remonter le moral de Nick, l’un des amis de Hermione et Harry, s’exclama.
- Vous plaisantez, les Harpies ont été grandioses.
Ce fut au tour de Pansy de le fusiller du regard. Le brun qui venait de parler se recroquevilla sur lui-même et un roux, que Pansy ne connaissait pas ronchonna.
- Elle a raison, ils étaient pas si mauvais que ça les Canons.
Hermione s'esclaffa.
- Tu plaisantes Ron, ils étaient terribles ! Terriblement mauvais.